Retrait de "l'atteinte sexuelle avec pénétration" : il ne fallait pas "prendre le risque de correctionnaliser les viols", reconnaît Marlène Schiappa
La secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes a justifié la marche arrière du gouvernement car "les professionnels de terrain de la protection de l'enfance n'étaient pas convaincus par cette mesure".
La secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa s'est expliquée, mercredi 4 juillet sur franceinfo, sur le recul du gouvernement concernant le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles. L'article 2, qui évoquait la notion "d'atteinte sexuelle avec pénétration", a été retiré après une vive contestation de nombreux responsables d'associations défendant les enfants. "Nous les avons écoutés, nous les avons entendus, et nous avons décidé d'aller dans le sens qu'ils nous demandaient, puisque ce sont eux les professionnels de terrain", s'est justifiée Marlène Schiappa.
"Les professionnels de terrain de la protection de l'enfance que nous avons auditionnés nous ont dit qu'ils n'étaient pas convaincus par cette mesure", a-t-elle poursuivi. "Il était important, symboliquement, que soit il y ait pénétration forcée et ce soit un viol, soit il n'y ait pas pénétration et ce ne soit pas un viol. Ils pensaient que cela brouillait le message et que c'était au demeurant prendre le risque de correctionnaliser les viols", a ajouté Marlène Schiappa.
Abolition de la prescription pour un violeur en série
Marlène Schiappa s'est donnée un but en défendant ce projet de loi : éviter les acquittements. Elle veut également faire en sorte que "lorsqu'il y a un violeur en série, un pédocriminel en série, qu'il a violé un enfant pendant les délais de prescription, et qu'il avait déjà précédemment violé un enfant dans des délais prescrits, la répétition de ces faits fait tomber la prescription".
Les débats provoqués par ce projet de loi ont été agités. Pour la secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes, "il n'y a aucune avancée pour les droits des femmes dans l'histoire qui se soit faite avec un consensus de la nation. Il y a toujours de grands débats, il y a toujours des oppositions. Rien ne s'obtient dans le consensus et dans le calme". Marlène Schiappa a notamment cité la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse ou le droit de vote accordé aux femmes. "Aujourd'hui plus personne ne songe à le remettre en question. A l'époque je vous rappelle que des maires menaçaient de démissionner si les femmes obtenaient le droit de vote", a indiqué Marlène Schiappa.
Elle a insisté sur l'importance de ce projet de loi, pour que les femmes se sentent plus en sécurité dans la société.
Huit jeunes femmes sur dix ont peur toutes seules dans la rue en France, en 2018, c'est inacceptable. Il faut faire en sorte que cette insécurité spécifique cesse
Marlène Schiappafranceinfo
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