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Mexique : agressée par quatre hommes, une ancienne vice-championne olympique témoigne... et se fait insulter en retour

Chaque jour, au Mexique, sept femmes sont assassinées et 1 200 sont agressées.

Article rédigé par franceinfo
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La sprinteuse mexicaine Ana Gabriela Guevara, ancienne championne du monde et championne olympique, lors d'une conférence de presse au Sénat, le 13 décembre 2016, à Mexico. (MARCO UGARTE/AP/SIPA / AP)

"Frapper des femmes, c'est du bonheur."  C'est, littéralement, un hashtag lancé au Mexique (#GolpearMujeresEsFelicidad) après le témoignage d'Ana Gabriela Guevara sur son passage à tabac dans une rue de Mexico. Le 11 décembre 2016, cette championne du monde de 400 mètres en 2003, médaillée d'argent aux Jeux olympiques d'Athènes l'année suivante, et sénatrice depuis, est percutée par une camionnette alors qu'elle rentre de week-end à moto. 

A terre, elle interpelle le chauffard. "Deux hommes sont descendus du véhicule. Ils m’ont insultée puis frappée par-derrière. Deux autres m’ont cognée dans les côtes, me faisant tomber à terre. Les quatre individus m’ont ensuite tabassée à coups de pied sur le visage et le corps", explique-t-elle dans les médias mexicains.

"Pour qu’elles apprennent à ne pas sortir de la cuisine"

L'ancienne sportive s'en tire avec un traumatisme facial et des fractures à la pommette droite. Après une opération chirurgicale, la championne de 39 ans poste le 13 décembre une photo de son visage tuméfié sur les réseaux sociaux. Un message dans lequel elle "remercie" les internautes de leur "attention pour sa santé".

Malgré les nombreux messages de soutien, d'autres internautes mexicains se mettent à insulter la championne olympique. "Si tu es moche et que tu conduis une moto, les gens penseront que tu es un homme", écrit l'un d'entre eux, repéré par Le Monde. "Regardez ce que je lui fais à ma copine", proclame un autre. Des messages accolés au hashtag #GolpearMujeresEsFelicidad qui justifient les violences faites aux femmes. "Pour qu’elles apprennent à ne pas sortir de la cuisine", résume un internaute.

Le jour même, la sénatrice organise une conférence de presse au Sénat, à Mexico City. Très émue, elle déclare devant les journalistes et les photographes son engagement à lutter contre les violences faites aux femmes. 

Cette marque sur mon visage, ces clous et ces plaques me rappelleront en permanence mon combat contre la violence de genre.

Ana Gabriela Guevara

en conférence de presse le 13 décembre

Un des agresseurs est un ancien policier

L'histoire d'Ana Gabriela Guevara ne s'arrête pas là. Identifié mi-décembre, un des agresseurs est un ancien policier. Face à la polémique, le président Enrique Pena Nieto est sorti de son silence. Il a déclaré son soutien à la sénatrice et le ministre de l’Intérieur, Miguel Angel Osorio Chong, a reconnu que "l’affaire rend visibles les conditions de milliers d’autres femmes".

Chaque jour au Mexique, sept femmes sont assassinées et 1 200 sont agressées. Plus de la moitié des Mexicaines déclarent avoir déjà subi des violences, selon la Commission d’aide aux victimes (CEAV), rapporte Le Monde.

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