Marlène Schiappa "a dit oui assez vite", confie la metteuse en scène des "Monologues du vagin"
Aux côtés des anciennes ministres Myriam El Khomri et Roselyne Bachelot, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes donnera une représentation unique de cette pièce, le 7 mars, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes. Franceinfo a interrogé la metteuse en scène.
C'est un trio inattendu, surprenant, qui se produira le 7 mars, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes. L'actuel secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, montera sur la scène du théâtre Bobino à Paris, aux côtés des ex-ministres Roselyne Bachelot et Myriam El Khomri, pour y interpréter Les Monologues du vagin, la célèbre pièce d'Eve Ensler créée à Broadway en 1996. Les bénéfices de la soirée seront reversés au Collectif féministe contre le viol (CFCV). Pourquoi faire jouer cette pièce à des femmes politiques ? Franceinfo a interrogé Coralie Miller, la metteuse en scène.
Franceinfo : Comment est née l’idée de faire jouer Marlène Schiappa, Roselyne Bachelot et Myriam El Khomri ensemble ?
Coralie Miller : Je travaille sur Les Monologues du vagin depuis trois ans. C’est Marie-Cécile Renaud, l’agent en France d'Eve Ensler, l'auteure de ce texte, qui m'a confié le soin de remonter la pièce. C'est d'ailleurs ma première mise en scène. J'ai d'abord monté cette pièce dans des conditions confidentielles, que ce soit à Lille ou Avignon. Un jour, le producteur Jean-Marc Dumontet m'a proposé de monter des représentations dans le cadre du festival Paroles citoyennes*. L'idée était de donner trois représentations avec trois types de femmes. On a très vite pensé aux femmes politiques, et le nom de Marlène Schiappa a été très vite évoqué. Elle a dit "oui" assez vite, l'envie était immédiate.
On a alors réfléchi pour constituer un trio qui ait un sens politiquement, car il n'était pas question de faire un spectacle partisan avec des personnes du même bord politique. Notre réflexion s'est portée à droite et à gauche et les noms de Myriam El Khomri et Roselyne Bachelot sont arrivés assez vite. Les deux ont accepté rapidement. Tout ça s'est fait avec facilité.
Que vont-elles jouer exactement ?
Cette pièce a plus de vingt ans. C'est un texte féministe et féminin très fort, qui parle de politique au sens large du terme. Il mêle des monologues et des textes en trio qui proviennent d'interviews qu'Eva Ensler a menées auprès de 200 femmes. Les sujets sont variés : ça parle des violences faites aux femmes, de la question du viol, des femmes brûlées à l'acide, mais aussi de sujets plus quotidiens. On parle des poils, par exemple. Il y a aussi ce texte : "Mon vagin est en colère". C'est un cri de colère d'une femme qui en a marre, par exemple, qu'on lui dise d'utiliser des sprays pour que son vagin n'ait pas d'odeur.
Ces textes relèvent de l'intime. A l'intérieur de la pièce, il y a également un moment qu'on appelle "les gémissements". Ce sont des femmes qui enchaînent les gémissements, mais on est dans l'humour, l'exagération. Je me demandais comment ces trois femmes politiques allaient aborder ce passage. En fait, on était davantage à trouver des solutions artistiques ensemble que de se poser la question de la pudeur. Il fallait trouver le bon cri. C'est un passage très politique, c'est un cri de liberté, le droit d'exprimer sa jouissance.
Comment faites-vous travailler ces femmes politiques qui, si elles savent prendre la parole en public, ne sont pas comédiennes ?
Il y a effectivement un socle sur lequel je peux m'appuyer : elles sont habituées à parler en public. Il y a des automatismes qu'elles ont plus que d'autres comédiennes d'ailleurs. Elles arrivent à détacher le regard du texte et à regarder le public. Certes, elles ne sont pas comédiennes, j'essaye de les orienter, mais en préservant leur spontanéité.
La décision de faire jouer des femmes politiques dans un contexte où l'on regarde beaucoup les faits et gestes des politiques, mais aussi dans un moment de libération de la parole des femmes, ça peut compliquer la donne. Je me demandais si elles arriveraient à dépasser ces enjeux mais oui, il y a un vrai plaisir. Je les ai vues arriver avec beaucoup de bonne volonté et d'envie de bien faire. Après, il y a la question des plannings à gérer, surtout pour une ministre en exercice. On a commencé les répétitions il y a trois semaines. La semaine prochaine, la dernière avant le grand jour, on a entre deux et trois répétitions individuelles et trois répétitions en trio, sans compter le filage le jour de la représentation. C'est sûr qu'on lui prend du temps à Marlène Schiappa !
Avez-vous reçu des critiques sur cette prochaine représentation ?
Pour l'instant, je trouve l'accueil intéressé et bienveillant. Je suis même plutôt agréablement surprise. Après, ce qu'il va advenir quand on les verra jouer, ça, c'est autre chose.
* Deux autres représentations exceptionnelles auront lieu dans le cadre de ce Festival. Le 8 mars avec Muriel Robin, Carole Bouquet et Anne Le Nen, au théâtre Bobino, et le 12 mars au Comédia avec quinze personnalités féminines.
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