Gisèle Halimi, avocate et figure du féminisme français, est morte à 93 ans
"Elle s'est éteinte dans la sérénité, à Paris", a déclaré l'un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu "une belle vie".
L'une des grandes figures du féminisme est morte. L'avocate et ancienne députée Gisèle Halimi, qui a consacré sa vie à la cause des femmes et à la défense du droit à l'avortement, est morte mardi 28 juillet, au lendemain de son 93e anniversaire, a annoncé sa famille. "Elle s'est éteinte dans la sérénité, à Paris", a déclaré l'un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu "une belle vie".
Cette intellectuelle franco-tunisienne avait notamment défendu Marie-Claire Chevalier, mineure jugée pour avoir avorté à la suite d'un viol, lors d'un procès retentissant en 1972, à Bobigny. La légalisation de l'avortement, votée trois ans plus tard, "n'aurait sans doute pas été possible sans l'expression publique de l'indignation suscitée par cette affaire", écrit Slate.fr. Fondatrice en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir de l'association pour le droit à l'avortement "Choisir la cause des femmes", elle est la même année l'une des signataires du célèbre manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté.
Cofondatrice d'Attac et écrivain
Elue députée de l'Isère (apparentée PS) en 1981, elle poursuit son combat à l'Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. En 1998, elle fait partie de l'équipe qui crée Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne).
Parallèlement à sa carrière d'avocate, elle a mené une carrière d'écrivain. Parmi sa quinzaine de titres, figurent Djamila Boupacha (1962), du nom d'une militante emblématique du FLN, et une œuvre plus intimiste comme Fritna, sur sa mère (1999), "pratiquante juive totalement ignorante".
Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, directeur de la rédaction du Monde diplomatique, elle a confié qu'elle aurait aimé avoir une fille pour "mettre à l'épreuve" son engagement féministe. "J'aurais voulu savoir si, en l'élevant, j'allais me conformer exactement à ce que j'avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes", a-t-elle dit au Monde en 2011. Dans une longue interview accordée au journal Le Monde en septembre 2019, la nonagénaire s'étonnait encore que "les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale".
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