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"Ça a commencé vers 11 ans" : la génération Youporn, surexposée aux contenus pornographiques

À l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Emmanuel Macron dévoile samedi un plan quinquennal. Parmi les mesures, une meilleure éducation des adolescents, notamment concernant la pornographie. 

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un adolescent regarde une photo érotique sur son téléphone portable. (Photo d'illustration) (MAXPPP)

À l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmesEmmanuel Macron présente samedi 25 novembre un plan quinquennal pour mieux accompagner les victimes et accentuer les sanctions contre leurs auteurs. Parmi les mesures, un volet concerne la lutte contre la pornographie. Dès la rentrée de septembre 2018, des opérations de sensibilisation des parents et des collégiens devraient être mises en œuvre. Les adolescents d'aujourd'hui y sont en effet extrêmement exposés. 

De plus en plus de contenus pornographiques

Des enfants encore frêles, innocents et très loin de la pornographie : c'est l'image qu'ont les parents de leur progéniture. Ils sont pourtant loin du compte : "Ça a commencé vers 11 ans", raconte ainsi un adolescent. Ses premiers visionnages de films pornographiques remontent à l'entrée au collège. "Dès que j'ai eu mon premier téléphone", assure-t-il.

La plupart des ados de notre âge regardent des films porno, on ne va pas se le cacher

Un adolescent parisien

à franceinfo

Face à la tentation de la pornographie, les barrières sont bien minces d'après ce jeune garçon. Les préventions et les sécurités parentales ? "Il y a tellement de moyens de les contourner que ça ne sert vraiment pas à grand-chose", déclare-t-il. Ils sont confrontés à une offre de plus en plus importante. "Il y a de plus en plus de contenus et ça ne nous aide pas à arrêter", affirme son copain, qui dit connaître "plus d'une dizaine" de sites pornographiques. 

Pour ces adolescents lambda, la pornographie fait partie du quotidien. Ils en parlent librement et acceptent donc tout à fait le surnom de "génération Youporn", du nom d'un site internet bien connu. Mais il est lui-même en perte de vitesse face à la croissance du marché. "En France, le site n'est plus trop regardé", confirme un jeune. 

Moins de crédits pour l'éducation à la sexualité

Pour éduquer les jeunes à la sexualité loin des stéréotypes véhiculés par l'industrie pornographique, des séances d'éducation sexuelle sont prévues dans les programmes scolaires. Les écoles, collèges et lycées doivent en mettre en place trois par an. Elles doivent être dispensées par des professeurs formés ou des associations. Mais, bien souvent, ce n'est pas le cas. Les adolescents mentionnent plutôt une ou deux séances sur l'ensemble de leur scolarité. 

La faute, selon Valérie Sipahimalani, du syndicat enseignant Snes, à un manque de moyens. "Pour ce qui est des personnels de l'Education nationale, il y en a de moins en moins qui sont formés parce que les crédits ont été quasiment coupés. L'Etat a eu d'autres priorités de formation." Elle assure que les associations subissent, elles aussi, une baisse des crédits, ce qui ne leur permet pas d'assurer de telles interventions. "On peut aussi faire appel à des associations que l'on paye mais, là encore, les crédits de fonctionnement actuels des collèges ne permettent pas forcément de faire ce choix."

Faire la différence entre pornographie et réalité

Selon les enseignants, le risque serait que les enfants considèrent la violence faite aux femmes dans les films pornographiques comme normale. "Il y a une grande partie des adolescents qui regardent de la pornographie et qui se masturbent dessus, mais je ne pense pas qu'il y en ait autant qui violent des filles dans la rue", rétorque un adolescent. 

Selon un autre jeune, les adolescents ont une capacité de discernement suffisante pour ne pas mélanger film pornographie et réalité. "On sait très bien que, dans la vraie vie, ça ne va pas marcher pareil avec une fille. On sait très bien que la vie ce n'est pas un film pornographique." L'un d'eux conclut : "D'accord, au même âge, mon père n'avait pas de tablette ou de téléphone mais il est lui aussi sûrement passé par là."

Le reportage de Solenne Le Hen

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