: Vidéo Tarik, salarié du shit à 2 000 euros par mois
Dans l'économie du shit, il y a les têtes de réseau, les gérants... et puis les petites mains comme les "bicraveurs" (vendeurs). Loin des cités où il gagne sa vie, "Complément d'enquête" a rencontré l'un d'eux. Pour 2 000 euros par mois, il sillonne le "neuf-trois" pour dealer du cannabis. Extrait.
Loin des cités où il gagne sa vie, Raphaël Tresanini a rencontré pour "Complément d'enquête" une petite main du trafic de cannabis. "Un business tel que si jamais ils légalisent, ça fait s'écrouler une partie de l'économie des cités"... selon un connaisseur. Extrait d'un document diffusé le 14 septembre sur l'économie du shit en Seine-Saint-Denis.
Celui que nous appellerons Tarik est un "charbonneur" ou "bicraveur". Il se déplace d'un point de vente du département à l'autre : Drancy, Aulnay, Sevran, La Courneuve, Saint-Denis... "Aulnay c'est plus le shit, Sevran c'est plus la coke. Après, le reste, c'est la même merde... c'est mélangé."
Un métier "pas serein"
Tarik arrive à se faire un "salaire" confortable de 2 000 euros par mois. Pour lui, "c'est exactement la même chose qu'un travail... sauf que t'es pas serein". Dix ans de prison à la clé s'il se fait prendre, les courses-poursuites avec les "Schmitt", les trous dans la caisse à rembourser en bossant gratuitement... Et pas de retraite à la fin. "C'est pas un kif ! lâche-t-il. Les gens, ils se réveillent pas le matin en se disant 'Allez hop, je vais vendre du shit aujourd'hui !' Mais c'est mieux que de frapper des gens pour avoir 100 euros..."
L'organigramme du "four"
C'est sur les "fours", les gros points de deal, que la main-d'œuvre est la plus demandée et la mieux payée. "Toute la journée, c'est chaud, ça tourne, ça tourne..." Un petit monde très organisé, et très hiérarchisé. "Il y a la 'tête' du réseau, que tu vois jamais et qui prend tout le bénéf, les gérants, qui travaillent pour la 'tête', payés au kilo. En dessous, les 'bicraveurs'; les vendeurs, payés de 150 à 300 euros, et les 'pu', les guetteurs, payés 100 euros dans les fours."
Extrait de "93 : l'indispensable industrie du shit", diffusé dans "Complément d'enquête" le 14 septembre 2017.
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