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Pression du chiffre ou racket organisé, le procès de six policiers de la BAC de Paris doit démêler les responsabilités

Le procès de six policiers de la BAC du 18e arrondissement de Paris s'ouvre mercredi 3 février. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à un système de vol d'argent ou de drogue voire de corruption sur des dealer.

Article rédigé par franceinfo - Sarah Mansoura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un policier de la brigade anti-criminalité de Paris (illustration).  (THOMAS COEX / AFP)

Six policiers de la brigade anti-criminalité de 18e arrondissement de Paris sont jugés à partir de mercredi 3 février, et pour 10 jours, devant le tribunal correctionnel de Paris. Des fonctionnaires soupçonnés, à divers degrés, d'avoir participé à un système de vol d'argent ou de drogue sur des dealers, et pour certains d'offrir une "protection monnayée". Certains de ces policiers encourent jusqu'à dix ans de prison. 

Tout commence avec le rapport d'un autre policier qui décrit un système d'enveloppes de cash et d'échange de services entre policiers et trafiquants. Ce rapport remonte via la commissaire, jusqu'à l'IGPN, qui place des micros dans leurs véhicules. Dès octobre 2018, l'enquête de la police des polices, sous la houlette de deux juges d'instruction, fait état de corruption, de blanchiment et de transport de drogue. Tous ou presque sont aussi mis en examen pour rédaction de faux procès verbaux d'interpellation.

"J’ai perdu ma vie, ma maison, mon boulot"

L'un de ces procès-verbaux a gâché la vie d'Aymen, un sans-papiers égyptien qui dit avoir été piégé avec un sachet de cocaïne puis condamné, incarcéré et expulsé du territoire. "J’ai perdu ma vie, ma maison, mon boulot, mon argent, raconte Aymen, qui sera partie civile au procès. J’attends la justice et la vérité." 

Une autre des parties civiles a été arrêtée dans les mêmes circonstances, à deux jours d'intervalle. Son avocat dénonce des arrangements entre des policiers et leurs informateurs officieux. "Ils ont reconnu que l’interpellation était organisée à l’avance, assure Me Joseph Hazan. Au regard des déclarations et, surtout, de la répétition de mêmes actes par les mêmes auteurs et selon le même mode opératoire, il est plausible que ces procès verbaux étaient frauduleux et destinés à servir autre chose."

Des policiers "obsédés par le résultat"

A l'audience, leurs versions vont donc se confronter. Et celles des prévenus, entre eux, ne seront pas non plus les mêmes, à en croire Me Adrien Sorrentino, avocat de l'un des policiers. Il assure que son client n'était qu'un exécutant. "Il n’a pas préparé d’interpellation en amont et n’a pas reçu des informations de certains informateurs. Lorsque des interpellations avaient lieu, il le faisait sous la gouverne de ses supérieurs directs. Lui s’expliquera simplement sur son action précise qui répond à des ordres précis", assure Me Sorrentino.

Que savait la hiérarchie, et a-t-elle laissé faire ? C'est l'une des autres questions à laquelle doit répondre le procès. L'un des avocats du brigadier soupçonné d'être à la tête de ce système, souligne surtout la pression du chiffre. "Il y a toujours le risque de franchissement de ligne, souligne Me Patrick Maisonneuve. Les fonctionnaires deviennent obsédés par le résultat qu’on leur demande, ils peuvent être moins attentifs aux règles déontologiques qu’ils doivent appliquer. Ce sont plus des erreurs qu’autre chose."

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