: Vidéo "Homos en France", un documentaire qui bouscule les préjugés et retrace l'histoire de l'homosexualité, longtemps considérée comme une maladie
"J'ai entendu des gens de ma famille dire que c'était une maladie." La chanteuse belge Angèle parle librement de son orientation sexuelle, dans un documentaire diffusé mardi 16 mai sur France 2. Elle n'est pas la seule à se livrer et à évoquer cette croyance très ancrée selon laquelle l'homosexualité serait une pathologie. Sylvain, Leontin, Gabriel, la chanteuse Catherine Lara, le journaliste Jean-Baptiste Marteau ou encore l'ancien footballeur Ouissem Belgacem... Ils sont nombreux à révéler comment leur sexualité a été perçue et stigmatisée dans leur entourage et par la société.
Dix ans après la loi sur le mariage pour tous, Homos en France, réalisé par Aurélia Perreau et commenté par l'humoriste et comédien Vincent Dedienne, tente d'expliquer, à travers une multitude de témoignages accompagnés d'images d'archives, ce qu'être gay, lesbienne, bisexuel ou pansexuel signifie aujourd'hui. Le film, diffusé à la veille de la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, décrit les discriminations et humiliations subies par ces communautés depuis des décennies et rentre dans l'intimité d'anonymes et de personnalités qui livrent à bout touchant leurs parcours.
Une législation qui a mis du temps à évoluer
L'homosexualité constituait un délit en France jusqu'en 1982. Longtemps assimilée à une pathologie psychiatrique, elle n'est plus considérée comme telle par l'OMS seulement depuis 1990. En France, il a fallu attendre 1992, et ce n'est qu'en 2022 qu'une loi a été votée pour interdire les thérapies de conversion, ces pratiques visant à "guérir" les homosexuels en leur imposant l'hétérosexualité par des moyens violents, au mépris de toute pertinence scientifique.
Malgré ces avancées sociétales, les jeunes interlocuteurs qui témoignent dans le documentaire s'émeuvent d'entendre encore aujourd'hui que leur sexualité serait une maladie honteuse.
"J'ai entendu plusieurs fois que c'était des personnes malades, que les personnes homosexuelles, c'étaient des tarées."
Sylvain, 17 ans"Homos en France"
Les préjugés ont la vie dure. Pour preuve, les actes homophobes sont en hausse quasi constante, selon les chiffres livrés chaque année par le ministère de l'Intérieur, malgré l'évolution des mentalités et des lois.
Le documentaire l'illustre notamment au travers d'un exemple : la diffusion, dans les années 1980, d'un épisode de la très suivie série américaine Dynastie, dans lequel l'un des héros annonce à sa famille qu'il est homosexuel. Dans la version française, la scène n'a pas été correctement traduite : plutôt que de dire qu'il est gay, le personnage dit qu'il est "malade". Le journaliste Jean-Baptiste Marteau, choqué en regardant cet extrait, réagit ainsi dans le documentaire d'Aurélie Perreau : "C'est lunaire ! (...) Mes parents, mon père notamment, nous a tellement évoqué l'homosexualité comme le diable qu'effectivement, c'était assimilé à une maladie. C'était être dégénéré."
"Pour ma grand-mère, c'est quelque chose d'inacceptable"
Dans les années 1970, il faut se cacher et taire sa préférence sexuelle, par peur du regard des autres et pour ne pas être condamné, comme le confirme dans le documentaire la chanteuse Catherine Lara. "J'appartiens à une génération où on ne disait rien. Dans les années 1970, beaucoup de gens se cachaient. L'homosexualité a toujours été là, mais c'était plus ou moins planqué, surtout à la télévision."
La première émission télévisée française qui s'intéresse à l'homosexualité remonte à 1973. Le programme, intitulé "Médical", ne donne la parole qu'à des médecins qui tentent de prouver que l'homosexualité est synonyme de problème et de maladie.
"Waouh... Je ne m'attendais pas à cela. C'était il n'y a pas si longtemps en fait !", réagit Angèle en visionnant ces images. "Moi, c'est en discutant avec ma grand-mère qui ne comprenait pas, je le voyais dans ses yeux. (...) C'est comme si je lui disais quelque chose de vraiment obscène. L'homosexualité pour ma grand-mère, c'est quelque chose d'inacceptable."
S'il semble illusoire d'espérer éradiquer totalement l'homophobie en France, alimentée par un héritage populaire tenace, ce documentaire d'utilité publique peut contribuer à éveiller encore davantage les consciences.
Le documentaire Homos en France, réalisé par Aurélia Perreau, est diffusé mardi 16 mai à 21h10 sur France 2 et sur France.tv.
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