Djihadiste : "Mon fils est devenu quelqu'un d'autre"
Marie est une mère désemparée par l’islamisme radical de son fils. Elle est allée chercher de l’aide auprès de la plateforme de prévention du djihad, puis dans une cellule de dé-radicalisation qui s’est ouverte en septembre en Seine-Saint-Denis. Elle a été accueillie dans un appartement discret et censé le rester, parce que dit-t-elle "des islamistes pourraient tenter de le localiser ".
De l'inquiétude et de la souffrance
Marie est là parce qu’elle est morte d’inquiétude pour son fils de 20 ans. Il vit en famille, à ses côtés. Elle l’a vu se convertir à un islam radical. Seul d’abord à "lire le Coran sur sa tablette " du matin soir et puis, ajoute-t-elle, "sous l’influence d’une jeune voisine musulmane ".
Une mère athée, un père catholique et un fils désormais acquis à l’islam le plus dur. Marie ne veut pas que son fils sache qu’elle a appelé la plateforme anti-djihad. Elle a accepté de parler à condition que sa voix soit transformée.
"J’ai le sentiment qu’il est enfermé dans une tour d’ivoire et qu’il devenu inaccessible. C’est devenu quelqu’un d’autre."
Une radicalisation éclair
Marié témoigne d’une coupure brutale avec les amis et la famille. Sa seule obsession, c’est l’islam et des CD de versets du Coran qui tournent en boucle. Les discussions sont devenues violentes et son fils refuse le débat. Marie est convaincue aujourd’hui que son fils fragile, violent, brillant, passe à la vitesse supérieure. Sa famille, dit-elle, a pu constater les "changements " opérés par son fils.
"On s’est retrouvés dans une réunion de famille et il a horrifié tout le monde avec ses propos et ce qui fait peur, c’est qu’il est froid. Il est comme implacable, sûr de lui et déterminé."
"J’ai aussi très peur qu’il en arrive au point de se faire du mal, quand il dit que quand il sera dans l’au-delà, il aura l’impression d’avoir accompli quelque chose de parfait. Il peut y avoir plein d’autres choses accomplies, sans partir en Syrie. On peut faire un tas de dégâts mortels ici et ça fait très peur."
Une écoute et un soutien
Le comportement du fils de Marie a été pris très sérieux et la plateforme d’écoute l’a classé au niveau trois d’une échelle de radicalisation à quatre échelons.
Les cas de ces jeunes gens convertis ouvrent un abîme d’interrogations du côté des pouvoirs publics, de la justice, de l’Etat mais ils n’étonnent pas vraiment Sonia Imloul. C’est elle qui porte à bout de bras cette cellule de soutien aux familles.
"Le converti va tenter véritablement de faire mieux que les autres, d’être le premier de la classe. Et il va se nourrir exclusivement d’une propagande violente."
"C'est juste insurmontable"
La majorité des familles suivies par la plateforme anti-djihad ne pas musulmanes, comme dans la cellule fréquentée par Marie. La priorité, mais aussi la difficulté, c’est d’intervenir avant l’endoctrinement. Comment Marie a-t-elle franchi le pas pour demander de l’aide ? C’est une amie qui l’a convaincue.
"Entre une partie des profs qui trouve que tout ça n’est rien, une autre qui dramatise et moi qui culpabilise à outrance, je dois dire que j’étais un peu désespérée avant de contacter le numéro vert. Mais ça fait du bien de voir que notre appel est pris en compte. Je ne me sens moins seule. Sinon, c’est juste insurmontable."
►►► Le numéro d’appel de la plateforme anti-djihad ouverte par le ministère de l’Intérieur est le 0 800 005 696
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