Dix ans après, AZF divise toujours Toulouse
Ils sont des dizaines d'anciens riverains de l'usine AZF, qui se joignent aux banderoles du cortège de la CGT, sur un rond-point situé à deux kilomètres du point zéro. Et ils sont bien décidés à ne pas y aller.
Ils n'iront pas rejoindre ceux qui participent à la commémoration officielle unitaire, organisée par la mairie socialiste sur le site même. Dix ans après l'explosion qui a soufflé une grande partie de Toulouse, tué 31 personnes, fait des milliers de blessés et endommagé 25.000 habitations, les cicatrices de la catastrophe d'AZF ne sont toujours pas refermées.
Sur le terrain d'abord. Les bâtiments de l'ex-usine de la société Grande Paroisse (groupe Total), ont été rasés. A leur place, sur le site dépollué à grands frais, un pôle de recherche de pointe contre le cancer, un grand espace naturel et quelques éléments conservés, pour rappeler l'évènement.
_ Mais à quelques centaines de mètres, de l'autre côté de la Garonne, la grande cheminée de l'usine SNPE, classée Sévéso 2 et toujours en activité, tourmente les riverains. L'usine ne fabrique plus de produits dangereux, mais elle reste classée à hauts risques.
Et dans les rues des quartiers situés de l'autre côté de la rocade, certaines maisons portent encore les stigmates de la catastrophe : fissures, accrocs dans la façade, voire maisons abandonnées depuis. A l'intérieur, chacun conserve les photos du lendemain de l'explosion à portée de main. Dix ans après, elle résonne encore dans les têtes. Les victimes souffrent toujours de troubles auditifs pour certaines, et des études des services de santé montrent qu'elles sont plus souvent dépressives que la moyenne des Français.
AZF n'a pas fissuré que les bâtiments. Elle a aussi ébranlé la concorde dans la ville. Ainsi ces riverains, qui boudent les cérémonies. Membres de l'association “les Sinistrés du 21-Septembre”, ils accusent la mairie de cautionner un silence complice sur les responsabilités du groupe Total. Dix ans d'enquête et un procès fleuve n'ont pas permis d'apporter des réponses certaines. Ni sur les causes de la catastrophe, ni sur les fautes et négligences qui pourraient y avoir conduit, puisque Total a été relaxé. Le procès en appel s'ouvrira en novembre.
Grégoire Lecalot, avec agences
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