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Didi, héros du Bataclan : "Je n'ai pas réfléchi. Aujourd'hui, je suis vivant"

Une pétition a recueilli sur internet quelque 28.000 soutiens pour demander la naturalisation de Didi, 35 ans, vigile au Bataclan. Son attitude exemplaire le 13 novembre aurait permis de sauver la vie de dizaines de spectateurs. Jérôme Jadot l'a rencontré.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La pétition demandant sa naturalisation a recueilli 28.000 signatures © SIPA)

"Honorez Didi, le héros oublié du Bataclan" : c'est le mot d'ordre d'une pétition qui circule sur internet, déjà signée par 28.000 personnes. Didi, 35 ans, est Algérien. Il assurait la sécurité à l'entrée de la salle de spectacle lorsque les terroristes ont attaqué, le soir du 13 novembre. Et, selon ses milliers de soutiens, aurait eu un comportement héroïque ce soir-là. Grâce à lui, des dizaines de vies auraient été sauvées. Jérôme Jadot a rencontré ce héros plutôt du genre discret.

Grâce à lui, une première vague de spectateurs peut s'échapper 

Jusqu'à présent plutôt peu friand d'apparitions médiatiques, Didi, plutôt chic dans son ensemble noir, raconte de façon posée, très calme, ce qui lui est arrivé le 13 novembre. Responsable de la sécurité du Bataclan, il est devant la salle de concert quand les terroristes ouvrent le feu dans le bar attenant. Didi rentre alors immédiatement dans le hall, avertit tout le monde et fonce ouvrir une première sortie de secours au niveau des toilettes. Il permet ainsi à une première vague de spectateurs de s'échapper, mais lui reste et retourne même dans la salle.

"Instinctivement, j'entre à nouveau pour sortir d'autres personnes" - Didi
Suivent 10 minutes, dit-il, pendant lesquelles les trois terroristes abattent méthodiquement les spectateurs présents. Plaqué au sol, immobile, Didi parvient à éteindre son talkie-walkie pour éviter d'attirer leur attention. Dès que les assaillants font une pause, sans doute pour recharger leurs armes, il se lève, appelant tous ceux qui l'entourent à le suivre. Il ouvre la sortie de secours à gauche de la scène, celle qui donne sur le passage Saint-Pierre Amelot, et met alors à l'abri tous ceux qui sortent dans une résidence étudiante voisine. 

 

Il aurait pu fuir à deux reprises, dès qu'il a vu les tireurs et après avoir ouvert une première sortie. Mais sur le moment, tout cela ne lui passe pas vraiment par la tête.

"Je n'ai pas réfléchi. Aujourd'hui je suis vivant." - Didi
La pétition, toutefois, l'embarrasse un peu : "Ce n'est pas moi qui ai demandé cette pétition, qui ai fait cette démarche, donc j'étais assez surpris ", explique-t-il. Didi a d’ailleurs été plus touché par les commentaires laissés par les gens que par la pétition elle-même : "J'ai toujours considéré  que j'étais un résident français. Je crois aux valeurs que le pays porte.  La naturalisation était une démarche qui allait arriver. C'est une chose qu'il fallait que je règle, mais pas en rapport avec les attentats ." 

Didi déplore aussi les amalgames. Ceux qui mettraient dans le même panier tous les musulmans. Gare aux raccourcis simplistes, met en garde "Didi". 

"Ils n'ont pas fait le tri" - Didi
Lui dit croire avant tout en l'humain.. Il est toujours en arrêt maladie et ne sait pas s'il reprendra son travail au Bataclan.

 

 

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