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Des élus du Larzac s'insurgent contre la prospection de gaz

Les élus de l’Aveyron s’affolent depuis qu’ils savent que l’ État a autorisé un industriel à explorer leur sous-sol à la recherche de gaz. Mais il s’agit d’un gaz difficile à extraire et qui demande une technique particulièrement polluante. Pour le moment, il ne s’agit que de recherches mais la colère gronde déjà et rappelle de mauvais souvenirs aux élus locaux.
Article rédigé par franceinfo
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Le maire de Sainte-Eulalie de Cernon hésite entre colère et stupéfaction. Cet ancien agriculteur a l’air bourru mais reconnaît qu’il réagit parfois un peu tard. Là, il ne veut pas se laisser faire comme quand il a appris que le camp militaire du Larzac serait étendu dans les années 70. Il a fait partie de la lutte à l’époque et aujourd’hui s’il le faut, il remontera au créneau. Sa petite commune de l’Aveyron est au cœur du parc régional des grands causses. Elle ne compte que 250 habitants mais vient de prendre une décision forte : un moratoire sur l’exploration des gaz de schiste, des gaz piégés dans les profondeurs de la roche sédimentaire.

Ces gaz sont piégés dans le sous-sol à plus de 1.000 mètres. Mais ils ne sont pas contenus dans des poches étanches mais plutôt de manière diffuse dans la roche. Il faut donc faire un forage vertical puis envoyé un drain à horizontal pour les extraire. La méthode consiste à envoyer de l’eau et du sable à très forte pression, un peu comme un Kärcher. C’est ce que l’on appelle la fracturation hydraulique. Cela provoque des micro-fissures dans la roche et ainsi le gaz se libère en remontant par les drains. Il faut beaucoup, 10 millions de litres exactement pour faire la fracturation.

L’eau utilisée pour ce forage se charge de sédiments, parfois de métaux lourds, voire de radioactivité. Elle doit donc être traitée pour pouvoir aussi être réutilisée.

Plusieurs scandales de pollution ont éclaté aux États-Unis où les gaz de schiste sont en plein boom depuis le milieu des années 90. Le pays a réalisé plus de 100.000 forages pour trouver de nouvelles ressources puisque ces forages de gaz conventionnels arrivaient à épuisement. Cela a ainsi permis aux Américains d’éviter l’importation de gaz étranger.

Mais la France est dans un autre contexte. D’abord géologique : on ignore encore le potentiel de notre sous-sol et il ne devrait pas comporter autant de métaux lourds. En plus sur le plan juridique, l’ État est propriétaire du sous-sol et non les particuliers. C’est donc lui qui délivre les autorisations d’explorer, de forer et d’exploiter les ressources en hydrocarbures.

Depuis 2007, le gouvernement n’a accordé que quatre permis qui couvrent 9.000 km2 entre la Drôme et l'Hérault. Mais sept autres demandes de permis ont été déposées pour 2011. Pour l’instant, il s’agit d’explorations à partir de documents papiers établis par les géologues des années 50-60 lorsqu’ils cherchaient le pétrole ou le gaz le plus facile à extraire. Mais techniquement ces permis ouvrent la possibilité de faire des puits pilotes.

José Bové et Corinne Lepage, les deux élus écologistes demandent un moratoire sur ces permis et un débat à l’Assemblée Nationale sur le sujet. Ils espèrent fédérer les actions en France contre ces gaz de schiste avec celles aussi du Québec où des projets concernent le bassin du St Laurent. Une pétition vient d’ailleurs de recueillir 120.000 signatures outre-Atlantique.

Anne-Laure Barral

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