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Centres de rétention : "l'industrialisation"

La Cimade, association d'aide aux immigrés, publie aujourd'hui son rapport annuel sur la situation des centres de rétention. L'association dénonce la "politique du chiffre" du gouvernement, qui conduit à une "industrialisation" des centres de rétention. Avec toutes les conséquences que cela suppose...
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France © Xavier Merckx)

Une petite Sakina, 4 ans, qui a passé 32 jours en rétention avec son père et sa grand-mère. Sans pouvoir aller à l'école ni voir sa mère. Quatre enfants, dont deux de 3 et 4 ans, emmenés dans un autre centre que celui où étaient leurs parents. C'est ce genre de situation que dénonce la Cimade dans son rapport.

L'association est présente quasiment au quotidien dans les centres. Alors des exemples comme cela, elle en voit souvent. L'association déplore que "l'exigence de l'expulsion prenne le pas sur les principes élémentaires de protection des mineurs". Quelque 200 enfants, dont la moitié sont nés en France, ont été enfermés en 2006. Le but est de ne pas les couper de leurs parents, en rétention. La justice ne permet pas normalement l'enfermement des mineurs de moins de 13 ans, mais une exception est faite pour les centres de rétentions.

La "politique du chiffre" du gouvernement aboutit selon l'association à des situations "absurdes" et à des "drames humains ". "L'examen superficiel des situations individuelles" conduit au "placement en détention de femmes enceintes, de malades, d'enfants, de vieillards..." La tension est palpable, dans les centres. Des bagarres, des actes de désespoir, des automutilations arrivent parfois. Un jeune homme s'est même suicidé en décembre 2006, au centre de rétention de Marseille.

L'association dénonce la transformation des centres en "véritables camps" pour clandestins. La plupart des centres respectent les normes nécessaires d'hygiène et d'équipement. Mais cela n'empêche pas, pour l'association, une certaine "déshumanisation". Caméras de surveillance, barbelés, les centres s'apparentent de plus en plus à un univers carcéral. La Cimade rappelle que la rétention est en principe une dérogation pour détenir un étranger dans un temps limité. " Elle a glissé peu à peu vers une logique d'internement". D'autres centres, appelés les "locaux de rétention", ne sont eux pas soumis aux mêmes exigences. Pas de promenade à l'air libre, et des pièces minuscules, sans lumière, sont alors monnaie courante.

Laure Daussy

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