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"C'est très émouvant" : la commune du Chambon-sur-Lignon reçoit la fortune d'un homme juif sauvé pendant la guerre

Erick Schwam, décédé le 25 décembre dernier, a décidé de léguer sa fortune de deux millions d'euros à la commune du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) qui l'a caché des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La mairie du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). (GOOGLE STREET VIEW)

"C'est d'abord très émouvant, confie Jean-Michel Eyraud, le maire du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), petite commune de 2 500 habitants. Très émouvant de penser que ce monsieur, à 90 ans, a souhaité marquer sa reconnaissance. Celle d'un ensemble d'une population qui s'est opposée aux exactions des nazis et qui a choisi d'accueillir des gens qui en avaient besoin."

Si monsieur le maire est ému, c'est parce que sa commune vient de recevoir un don : celui d'Erick Schwam, un homme juif décédé le 25 décembre dernier à l'âge de 90 ans. Il a décidé de léguer sa fortune de deux millions d'euros à la commune qui l'a sauvé pendant la seconde guerre mondiale. Des habitants l'avaient caché des Allemands. Ce don est officialisé mercredi 10 février lors du Conseil municipal de ce village, déjà désigné "Juste parmi les nations".

Un parcours de vie reconstitué par la mairie

C'est en 1943 qu'Erick Schwam arrive au Chambon-sur-Lignon, à l'âge de 12 ans. Ses parents et lui ont fui l'Autriche cinq ans plus tôt, après un passage par la Belgique et deux camps dans le sud de la France. Ce parcours, la mairie est en train de le retracer, pour reconstituer le puzzle de sa vie. "Il y a d'abord un élément qui est inhabituel, c'est que l'immense majorité des réfugiés qui sont passés par Le Chambon et par les villages environnants sont tous partis à la fin de 1944 à quelques très, très rares exceptions, explique Denise Vallat, adjointe au maire chargée de la culture. Et justement, Erick Schwam est une exception. il ne repart pas en Autriche, il semble que son père soit reparti assez rapidement mais lui reste jusqu'en 1949."

"Pourquoi lui et ses parents ont-ils décidé qu'il allait faire des études en France, qu'il allait aller jusqu'au baccalauréat ? Ça, nous n'avons aucune explication."

Denise Vallat, adjointe au maire chargée de la culture

à franceinfo

Seule certitude : cette période a changé sa vie. En 1956, Erick Schwam est naturalisé Français après son mariage avec Colette, une Lyonnaise catholique, décédée l'an dernier. Sans enfant, c'est donc à la commune de sa jeunesse qu'il lègue sa petite fortune. "Deux millions d'euros, c'est beaucoup pour tout le monde, réagit Jean-Michel Eyraud. Pour une commune comme la notre, le budget de fonctionnement est un peu supérieur à 3 millions d'euros. Il est sûr que c'est quelque chose d'important."

Reste un mystère : ses motivations profondes que personne ne connaît réellement. Dans son testament, la formule d'Erick Schwam est laconique, comme s'il considérait que son geste était un "juste" retour des choses.

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