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Boxe thaï : Nong Rose, première boxeuse transgenre à monter sur un ring en France en gala officiel

Samedi soir, au stade Pierre de Coubertin, la boxeuse Nong Rose défiera le champion de France Akram Hamidi. C’est la première fois qu’une boxeuse transgenre monte sur un ring français en gala officiel.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La boxeuse Nong Rose s'entraîne le 15 décembre 2017 à Chachoengsao, en Thaïlande. (LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP)

Les flashs crépitent, les médias sont nombreux pour assister à la pesée symbolique et surtout voir à quoi ressemble le phénomène de la boxe thaïe, celui que l'on surnomme "le lady boy aux genoux d'acier". Une grande première se déroulera en effet samedi 6 janvier dans la soirée au stade Pierre de Coubertin, à Paris : un combat de boxe thaï à part dans l'histoire, qui dépasse le cadre de la discipline. Parmi les concurrents, Nong Rose, la première boxeuse transgenre à monter sur un ring en France en gala officiel, s'apprête à défier le champion de France Akram Hamidi.

Porteuse d’un message mais pas porte-étendard

Ce petit bout de femme d'1m60 pour 52 kilos, ou plutôt un petit bout de femme né dans un corps d'homme comme elle se définit elle-même, est bien consciente de porter un message qui la dépasse. "Je suis bien consciente que ma présence ici en France offre une visibilité aux personnes comme moi, aux personnes transgenres, explique-t-elle. Aussi, je veux montrer à la France et au monde qu’on se débrouille aussi bien que les autres, que nous ne sommes pas pires que les autres, que nous sommes de bonnes personnes." 

Mais la Thaïlandaise refuse pour autant le statut de porte-étendard des trans : aujourd'hui, elle veut juste vivre normalement tout en continuant, explique-t-elle, à combattre au milieu des hommes. Elle préfère d’ailleurs combattre contre des hommes : les femmes, dit-elle, sont trop faibles et n’ont pas assez de force pour l’affronter. Son adversaire, samedi soir, sera le champion en France en titre, Akram Hamidi. Il dit n'avoir pas hésité à accepter le combat. Au-delà du défi sportif d'affronter la Thaïlandaise, 52 victoires pour seulement huit défaites chez les professionnels, le Français a bien compris l'intérêt d'un tel événement. "Ce combat représente une chance pour moi puisqu’il fait un peu le buzz", reconnaît le sportif."

"Le talent transcende tout !"

Le coup de projecteur est inédit pour cette discipline encore méconnue en France. Le premier à l'avoir saisi est Guillaume Kerner, ancien champion de boxe thaïe et organisateur du gala. "On m’a dit ‘Tu te rends compte ? Un transgenre ? Jamais tu ne trouveras un adversaire contre lui... Imagine s’il perd contre lui ! Le public français n’est pas prêt, les autorités fédérales n’accepteront jamais", se souvient-il. Et pourtant : comme il l’avait prévu, tout se passe bien. "Médiatiquement, c’est un joli coup, s’enthousiasme Guillaume Kerner. Qui n’a pas qu'une enveloppe, mais qui a du fond : quand on a du talent, quand on est fort dans un domaine, cela transcende tout !"

Reste juste à connaître l'accueil du public de Coubertin. Pour sa première sortie hors d'Asie, Nong Rose dit ne pas craindre les regards : "Je n'ai pas peur du regard des autres, assure la boxeuse. J'ai déjà connu tout cela en Thaïlande, j'ai l'habitude maintenant". Et comme en Thaïlande, elle ne changera rien à ses habitudes et arborera fièrement sur le ring sa brassière rose, indissociable du nom qu'elle s'est choisie.

Nong Rose, première boxeuse transgenre à monter sur un ring en France en gala officiel - reportage Fanny Lechevestrier

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