Blocus des cuves de Total à la raffinerie de Dunkerque
Opération commando. Au petit matin des salariés se sont lancés dans une opération digne d’un film d’espionnage. Cagoulés, ils ont pénétré sur la zone de stockage du pétrole brut. Ils ont ensuite démonté les composants électroniques des pompes qui servent à extraire le contenu des cuves. Ce précieux butin enfermé dans des petites valises, ces agents secrets d’un jour ont franchi les portes de l’usine sous les applaudissements des grévistes.
Monnaie d’échange ? Depuis la menace de fermeture du site, syndicats et direction sont engagés dans un bras de fer. Après le mouvement de grève de l’ensemble des raffineries du groupe fin février, les salariés de Dunkerque poursuivent seuls leur mouvement depuis le 12 janvier. Des propositions pour l'avenir de la raffinerie des Flandres doivent être annoncées lundi lors d'un comité central d'entreprise (CCE) à Paris. Une partie des composants électroniques sera remise aux services de l'Etat, une autre à la région et une troisième à la communauté urbaine de Dunkerque, sachant que tout le matériel est nécessaire pour faire redémarrer les pompes, a expliqué Marcel Croquefer, secrétaire du pôle chimie CGT. "Ce pétrole ne doit pas quitter les cuves tant que les choses ne sont pas arrêtées", a-t-il dit.
Des pompes, un pipeline et 200 millions d’euros. La direction de Total envisageait d’évacuer ces 500.000 tonnes de brut de la raffinerie des Flandres vers d’autres raffineries via un pipeline de 8km. Avec la paralysie des pompes, c’est désormais impossible. Et c’était bien là l’objectif des syndicats : "On veut raffiner. On ne veut pas que ce (pétrole) brut s'en aille d'ici", a déclaré Philippe Wullens, délégué syndicale Sud (majoritaire sur le site), en évoquant un "trésor de guerre" . Selon lui, Total a réalisé une plus-value de 200 millions d'euros entre le moment de l'achat de ce pétrole à l'automne et aujourd'hui, en raison de l'augmentation des cours. La direction envisage une fermeture définitive du site qui emploie 380 salariés, plus 400 personnes chez les sous-traitants.
Caroline Caldier avec agences
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