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Bâtiments incendiés à Morlaix : "Un ras-le-bol fiscal et social"

Deux bâtiments publics ont été incendiés vendredi à Morlaix par des légumiers en colère. Une action violente qui s'explique par les difficultés rencontrées par le monde agricole.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Outre les violences à Morlaix, les manifestations se multiplient en France © MAXPPP)

Ce sont quelque 140 tracteurs qui ont convergé vers Morlaix dans la nuit de vendredi à samedi. Des agriculteurs en colère qui ont incendié le bâtiment des impôts et celui de la mutualité sociale agricole. Ils s'en sont ensuite pris à un pont.

Une colère "inadmissible " mais finalement "logique " estime sur France Info Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix : "Les agriculteurs sont accablés par les charges sociales, les impôts, les dettes, accablés par le fait que ce que vous achetez sept euros le kilo dans un supermarché,  on le leur paye sept centimes à la production. "

Un ras-le-bol fiscal

Les producteurs bretons sont ainsi confrontés à de grosses difficultés de trésorerie accentuées par l'embargo imposé par la Russie début août. Des restrictions sur les importations de produits alimentaires en réaction aux sanctions européennes dans le cadre de la crise ukrainienne. Un embargo qui a un effet domino puisque les gros exportateurs vers la Russie, à la recherche de nouveaux débouchés, viendront concurrencer la production française sur son propre marché tirant encore plus les prix vers le bas.

 

Mais les légumiers protestent aussi contre "un ras-le-bol fiscal et social ", explique Thierry Mérette, président de la FDSEA du Finistère. Les agriculteurs "n'en peuvent plus, ils ont le sentiment d'être abandonnés ". Selon lui : "Les représentants de l'État m'ont appelé vers 1 heure du matin… C'est qu'ils commencent à comprendre qu'il y a un vrai désarroi. Je leur ai dit que ce n'était que le début et que s'ils ne nous écoutaient pas, cela pourrait être bien autre chose. "  

Un chèque de l'État…de 23 centimes

"Vous avez, par rapport à vous concurrents directs, 30% de charges en plus ", dénonce Jean-François Jacob président du SICA, la société d'intérêt collectif agricole de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement français des producteurs de légumes. Il pointe également les surcoûts dus à la superposition des couches administratives :

"Quand dans la semaine, le groupement que je préside reçoit – pour compenser l'embargo russe – un chèque de 353 euros 70 à partager entre 1500 adhérents, donc 23 centimes par adhérents, on ferait mieux de ne rien nous envoyer. "

Son groupement a décidé de renvoyer ce chèque à Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie "pour qu'il vienne nous rencontrer".

"On a reçu un chèque de 353 euros à partager entre 1500 adhérents" (groupement)

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