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Assouplir la loi Evin ? Une idée fumeuse pour le gouvernement

S'ils avaient connu cette polémique de leur vivant, ils auraient sûrement avalé leur bouffée de tabac de travers ! La proposition de loi qui souhaitait rendre sa pipe à Jacques Tati, sa cigarette à Coco Chanel ou ses volutes à Serge Gainsbourg, au nom de la liberté culturelle, est jugée aujourd'hui "{inopportune}" par le gouvernement et "{dangereuse}" par les associations de lutte contre le tabagisme. _ Ce texte visant à assouplir la loi Evin doit être examiné demain par les députés.
Article rédigé par franceinfo
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Le tabac peut-il encore participer d'une œuvre d'art ? La question ne cesse d'être posée depuis le refus de la RATP (entre autres) d'afficher sur ses murs ou ses bus un Monsieur Hulot pipe à la bouche, une Coco Chanel cigarette en main ou un Gainsbourg plongé dans un nuage de fumée.

La semaine dernière, les députés ont voté en commission une proposition de loi socialiste pour amender la loi Évin et exclure de son champs d'application le patrimoine culturel en général et ces affiches de film ou d'exposition en particulier.

Mais depuis hier, le gouvernement a fait savoir, par la voix de Nora Berra, la secrétaire d'État chargée de la Santé, qu'il était totalement opposé à cet assouplissement. Selon lui, ce texte risque de porter un coup sérieux à la politique de lutte antitabac et d'encourager les industriels du tabac à faire de la publicité déguisée, sous prétexte de faire œuvre d'art.
Argument supplémentaire de la secrétaire d'État : ce n'est pas la loi Évin qui a troqué, par exemple, la pipe de Tati contre un moulin à vent, mais la RATP toute seule, à son initiative.
"Au-delà de l'inutilité de cette proposition de loi, une brèche dans la loi
Évin est ouverte et ce serait une victoire pour les cigarettiers", a déclaré hier Nora Berra aux associations de lutte contre le tabagisme.

Car ces associations sont, les premières, montées au créneau : "Qui décrétera qu'une image, qu'un film, qu'un site relève ou non du
culturel ou de l'artistique ?" interrogent-elles, convaincues que cette proposition de loi -"naïve"- cache une opération de "propagande" au profit de l'industrie du tabac.

À 24 heures du débat à l'assemblée cependant, rien n'est tranché. L'UMP n'a donné encore aucune consigne de vote. Et le PS lui se défend d'avoir voulu par sa proposition de loi "ouvrir une brèche" dans la loi Évin. Le député socialiste Didier Mathus a même déclaré hier que si le gouvernement s'engageait à publier une circulaire d'application sur la loi Évin qui permette d'éviter ces dérives, il était prêt à retirer son texte.

Cécile Quéguiner, avec agences

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