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Tags, insultes, profanations… On a recensé les actes antisémites qui ont eu lieu depuis le début du mois de février

Avant les insultes essuyées par le philosophe Alain Finkielkraut, samedi, d'autres actes antisémites avaient marqué le mois de février. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Des portraits de l'ancienne ministre Simone Veil dégradés par des croix gammées, mardi 12 février 2019 sur des boîtes aux lettres situées dans le 13e arrondissement de Paris. (MAXPPP)

"Sur les plateaux, dans ses emportements, dans ses opinions même, Finkielkraut est quelquefois insupportable. Mais c'est parce qu'il est juif que Finkielkraut a été pris à partie en pleine rue. Ce n'est pas pour ce qu'il dit, ni ce qu'il pense, c'est pour ce qu'il est. Ce n'est pas simplement intolérable. Ce n'est pas à vomir. C'est à dégueuler." Dans son éditorial publié lundi 18 février, Le Courrier picard dénonce sans ambiguïté les insultes proférées à l'encontre d'Alain Finkielkraut, lors du 14e samedi de mobilisation des "gilets jaunes".

Les attaques antisémites subies par le philosophe interviennent dans un contexte déjà explosif. Mardi dernier, le ministère de l'Intérieur a annoncé que les menaces et violences visant les juifs avaient augmenté de 74% en 2018. A la veille de plusieurs rassemblements organisés en France pour dénoncer l'antisémitisme, franceinfo a tenté de recenser les manifestations de cette haine survenues depuis le début du mois.

9 février : un tag antisémite sur la devanture d'un restaurant Bagelstein

"Juden" ("juifs" en allemand). Cette inscription a été retrouvée taguée en lettres jaunes sur la devanture d'un restaurant Bagelstein situé en plein centre de Paris, sur l'île Saint-Louis. Le cofondateur de cette franchise de restauration rapide a indiqué que des graffitis similaires avaient déjà été réalisés sur d'autres vitrines.

Certains, comme le dessinateur Joann Sfar, ont lié ce vandalisme antisémite au mouvement des "gilets jaunes". Ce que le cofondateur de Bagelstein s'est bien gardé de faire : "Ils ont écrit ça en jaune, mais ça peut être [en référence à] l'étoile de David", a-t-il expliqué à l'AFP. Le mardi suivant, le compte Twitter de la chaîne de restauration a répondu avec humour.

Une enquête pour "dégradations volontaires aggravées" et "provocation à la haine raciale" a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.

Week-end du 10 février : plusieurs tags antisémites sur les murs de Paris

Dans un tweet publié lundi 11 février, Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), fait état de "tags antisémites jusqu'à la nausée" retrouvés à Paris durant le week-end. Il accompagne son propos d'une photo montrant une porte de garage sur laquelle est écrit "Macron jews' bitch" ("Macron pute des juifs" en anglais). Il précise à l'AFP que ce garage se trouve dans le 1er arrondissement de la capitale.

Frédéric Potier a également signalé, via un retweet, la photo d'un mur du 18e arrondissement sur lequel on peut lire "truie juive". La mairie de cet arrondissement indique sur Twitter avoir elle aussi fait un signalement lundi matin au parquet.

Enfin, l'inscription "Micron (sic) Rothschild parce qu'il se vend bien. La putain de la youtrerie [terme raciste désignant une réunion de juifs] universelle"  a été découverte lundi 11 février au matin sur une façade du journal Le Monde, dans le 13e arrondissement. Le quotidien a annoncé qu’il portait plainte.

11 février : des croix gammées sur des portraits de Simone Veil

A l'occasion de l'inhumation de Simone Veil au Panthéon, le 1er juillet 2018, l'artiste de rue C215 (de son vrai nom Christian Guémy) avait réalisé plusieurs portraits de l'ancienne ministre sur des boîtes aux lettres de la mairie du 13e arrondissement de Paris.

Lundi 11 février, l'auteur montre sur Twitter que ses œuvres ont été vandalisées : deux croix gammées barrent le visage de la rescapée de la Shoah. Le parquet de Paris ouvre dans la foulée une enquête pour "dégradations volontaires aggravées" et "provocation à la haine raciale", confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.

C215 a depuis restauré ses œuvres. Début septembre 2018, les panneaux d'une exposition consacrée à Simone Veil, installés devant le Panthéon, avaient déjà été tagués avec des croix, sans signe distinctif.

Le 11 février, des inscriptions antisémites et une croix gammée ont également été découvertes devant le lycée Calmette de Nice (Alpes-Maritimes), où l'ancienne déportée d'Auschwitz a été élève. Ils ont été effacés par les services municipaux.

11 février : des arbres plantés en mémoire d'Ilan Halimi dégradés dans l'Essonne

Un autre acte, commis hors de Paris, a suscité un vif émoi. Les arbres plantés en mémoire d'Ilan Halimi ont été retrouvés dégradés lundi 11 février à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Ces arbres étaient situés à l'endroit où ce jeune homme juif de 23 ans avait été retrouvé en 2006 nu, bâillonné et menotté après avoir été torturé pendant des jours par le "gang des barbares".

Le maire de la commune a annoncé avoir porté plainte. Le surlendemain, à l'occasion de la cérémonie annuelle en hommage à Ilan Halimi, de nouveaux arbres ont été plantés.

13 février : une plaque en mémoire d'enfants juifs déportés brisée dans le Val-de-Marne

Une plaque en mémoire d'enfants juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale, installée devant l'entrée d'une école de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), a été retrouvée brisée au sol mercredi 13 février au matin.

"A l’heure actuelle, on ne sait pas ce qu’il s’est passé, mais il y a peu de chances qu’elle soit tombée toute seule, cependant rien n’atteste d’un caractère antisémite", a déclaré au Parisien le cabinet du maire de la ville. Si aucune inscription ou autre dégradation n'a été constatée, la municipalité a tout de même décidé de porter plainte contre X.

16 février : Alain Finkielkraut pris à partie en marge de la manifestation des "gilets jaunes"

"Barre-toi, sale sioniste de merde", "grosse merde sioniste", "nous sommes le peuple", "la France, elle est à nous" : lors du 14e samedi de mobilisation des "gilets jaunes", le philosophe et académicien Alain Finkielkraut a été injurié et sifflé alors qu'il se trouvait dans le quartier du Montparnasse, à Paris.

"J'ai été en effet pris à partie de manière très violente par des manifestants" et "je dois dire qu'ils avaient vraiment envie d'en découdre parce que si des policiers ne s'étaient pas interposés (...), je pense que certains d'entre eux voulaient me casser la gueule. C'était une violence, malgré tout, pogromiste", a raconté l'académicien le lendemain matin sur LCI. Il a précisé qu'il ne porterait pas plainte, se disant "ni victime, ni héros".

Plusieurs responsables politiques, dont le président de la République lui-même, ont condamné fermement ces faits.

Le parquet de Paris a de son côté annoncé dimanche avoir ouvert une enquête préliminaire pour "injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion, par parole, écrit, image ou moyen de communication électronique". Les investigations sont confiées à la brigade de répression de la délinquance à la personne.

19 février : environ 80 sépultures profanées dans un cimetière juif en Alsace

Les autorités ont condamné "avec la plus grande fermeté" un "acte antisémite odieux""Environ 80 tombes" du cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin), au nord-ouest de Strasbourg, ont été découvertes profanées mardi 19 février, a annoncé la préfecture du Bas-Rhin. 

Les tombes de ce cimetière, installé depuis 1795 dans ce village de 800 habitants, ont été marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes. Une sépulture porte également l'inscription "Elsassisches Schwarzen Wolfe" ("Les loups noirs alsaciens"), possible référence à un groupe autonomiste alsacien actif dans les années 70.

Des croix gammées peintes sur plusieurs tombes d'un cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin), mardi 19 février 2019. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Le parquet de Strasbourg a ouvert une "enquête de flagrance" confiée à la section de recherches (SR) de la gendarmerie de la capitale alsacienne, et Emmanuel Macron a annoncé sa venue sur place.

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