Amende européenne record pour GDF Suez et EON
Pour une première fois, c'est fracassant. La Commission européenne ne s'était jamais attaqué auparavant aux producteurs d'énergie historiques. Elle a infligé une amende record au Français GDF Suez et à l'Allemand EON : 1,1 milliards d'euros au total, répartis à égalité entre les deux opérateurs (553 millions d'euros chacun). C'est une des plus grosses amendes jamais infligées pour “cartel”
Grande “pourfendeuse” des atteintes à la libéralisation des marchés, et en particulier celui de l'énergie, la Commission reproche à GDF Suez et à EON d'avoir refusé de se faire concurrence pendant 30 ans, en se partageant les marchés du gaz français et allemand, de 1975 à 2005.
les deux groupes ont immédiatement annoncé leur décision de faire appel : “La décision et en particulier l'amende élevée ne sont pas compréhensibles”, se rebelle Bernhard Reutersberg, le patron d'EON.
ENTENTE SUR LE DOS DES CONSOMMATEURS ?
Mais pour se justifier, la Commission a fouillé le rayon histoire. En 1975, Ruhrgas AG (aujourd'hui EON Ruhrgas) et GDF (aujourd'hui GDF Suez) avaient décidé de construire ensemble le gazoduc MEGAL à travers l'Allemagne pour importer du gaz naturel russe en Allemagne et en France et les deux entreprises s'étaient mises d'accord pour ne pas vendre le gaz ainsi acheminé chez le voisin.
Cet accord de répartition des marchés, maintenu jusqu'à fin 2005, a permis à EON et à GDF, qui ont enregistré respectivement en 2008 un chiffre d'affaires de 86,8 et 83,1 milliards d'euros, de “conserver des positions solides sur les marchés allemand et français du gaz au moment de leur libéralisation” en 2000, argumente Bruxelles. Et la commission reproche aux deux géants d'avoir privé “les consommateurs dans deux des plus gros marchés du gaz en Europe ont payé plus, pendant que les compagnies en profitaient à leurs dépens”.
Et les deux opérateurs n'en n'ont pas fini. La condamnation ouvre un droit à des actions en justice menées par des citoyens ou des entreprises qui s'estimeraient lésés
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