Ahmed, la gargouille qui réveille les traditionnalistes lyonnais
Si ce n'était sa couleur -la pierre n'a pas eu le temps de se patiner- , cette gargouille, à une douzaine de mètres du sol, sur la tour nord de la primatiale Saint-Jean, ne se distingue en rien des autres de l'édifice. Pourtant, ce visage est celui d'un certain Ahmed Benzizine, chef de ce chantier de rénovation.
Ca ne relève pas d'une ressemblance fortuite, mais d'une tradition remontant au Moyen-Âge, qui consiste pour les tailleurs de pierre à représenter certains de ceux qui ont travaillé sur le chantier des cathédrales. Un clin d'œil donc, une jolie marque d'amitié, soulignée d'un "Allah Akhbar", en VO et VF.
Côté archevêché, l'initiative n'a défrisé personne. Au contraire ! "Dans
l'histoire, les gargouilles ont toujours été des figures profanes laissant
parfois la place à la satire ou l'ironie. En outre, elles ne sont pas dans
l'église, mais à l'extérieur", explique Pierre Durieux, chargé de communication à l'archevêché de Lyon, qui salue ce "symbole d'œcuménisme".
Pourtant, quelques catholiques lyonnais, et surtout le mouvement des Jeunes Identitaires de Lyon, se sont étranglés devant la sculpture. Sur leur site internet, ils dénoncent le fait qu'"à Lyon, les musulmans se paient le
luxe de s'approprier nos églises, en toute tranquillité et avec la complicité
des autorités catholiques".
Pourtant, aucune provocation dans cette œuvre haut-placée. Le tailleur de pierre dans Libération explique qu'"il n'y a pas que des catholiques qui travaillent sur les églises, il y a toujours beaucoup de musulmans, en échafaudage ou en maçonnerie". Ahmed Benzizine lui assure avoir un grand respect pour les lieux sacrés.
Le père Cacaud, recteur de cette cathédrale baroque, observe tout ça avec malice. Dans Libération, il confesse que certaines des centaines de gargouilles de son monument "pourraient scandaliser beaucoup plus." Invitation à en faire le tour...
Cécile Quéguiner, avec AFP
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