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Agression d'un maire dans le Cher : "Ce n’est pas un acte isolé, c’est un phénomène de société", dénonce l'Association des maires de France

Un élu sexagénaire s'est fait violemment agresser mercredi par un jeune qu'il avait réprimandé dans le Cher. "Il faut prendre des mesures fortes et pas uniquement judicaire", appelle Jean-Paul Jeandon, co-président de la commission sécurité de l’AMF.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des écharpes de maire et adjoints (illustration).  (LUC CHEMLA / RADIO FRANCE)

Le maire de Châteauneuf-sur-Cher, dans le Cher, a été victime d’une violente agression mercredi 31 août. Il a été frappé au visage par un jeune avec qui il aurait eu une altercation plusieurs semaines auparavant au sujet d’incivilités. Blessé au visage, William Pelletier, âgé de 72 ans, a eu des points de suture et une "incapacité de travail de moins de 8 jours". L'agresseur présumé a été arrêté et doit passer en comparution immédiate vendredi 2 septembre. "Ce n’est pas un acte isolé, c’est un phénomène de société et c’est extrêmement inquiétant pour la démocratie", alerte Jean-Paul Jeandon, maire socialiste de Cergy et co-président de la commission sécurité de l’Association de Maires de France.

franceinfo : Est-ce un acte isolé ?

Jean-Paul Jeandon : Non, c’est un acte continuellement existant dans notre société. Menaces de mort sur les maires de Saint-Côme-du-Mont et de Poissy, voiture incendiée du maire de Briançon… En 2020, le ministère de l’Intérieur a relevé 1 300 agressions, menaces, insultes, soit trois plus qu’en 2019. Ce n’est pas un acte isolé, c’est un phénomène de société et c’est extrêmement inquiétant pour les élus mais aussi pour la démocratie. Il faut prendre des mesures fortes et pas uniquement judicaire.

Comment faire évoluer cette situation ?

Il y a un problème d’éducation de nos concitoyens. Qui sait aujourd’hui qu’un maire est officier de police judiciaire et qu’il est, à ce titre, dépositaire de l’autorité publique ? Ce sont des choses à rappeler, le rôle d’un maire : il applique les lois et il est aussi dépositaire de l’autorité publique. Il y a donc au niveau de la citoyenneté, à la fois auprès des enfants mais aussi des parents, un rôle plus important à jouer. Tout cela doit se faire avec des associations, peut-être avec les préfectures. Ensuite, il faut une prise en compte plus rapide des procédures judiciaires. Mais le problème, c’est que nous manquons de magistrats. Autre élément : depuis des années, l’AMF demande de pouvoir se constituer partie civile, ce qui n’est aujourd’hui pas possible constitutionnellement. Enfin, il faut réguler les réseaux sociaux. Il faut qu’on ait une démarche beaucoup plus forte sur les propriétaires, dirigeants des réseaux sociaux : on ne peut pas continuer à s’y faire insulter en permanence.

Des maires sont-ils prêts à se retirer ?

Bien évidemment, et je pense surtout aux maires des petites communes, qui sont en première ligne en permanence avec les habitants. L’AMF a signé un partenariat avec France Victimes pour accompagner les élus, car ce n’est pas juste un problème physique, c’est aussi un problème mental. Ils sont attachés à tenir leur mission correctement, ils ne comprennent pas cette situation. Ils ont déjà toutes les démarches administratives, les évolutions réglementaires avec très peu de personnel municipal et certains se disent : pourquoi continuer ? La période de la Covid n’a pas été simple également avec toutes les mesures à faire respecter. On l’a vu déjà aux dernières élections municipales avec un peu moins de maires qui se sont représentés. Des maires vont hésiter de plus en plus à se représenter ou même vont démissionner. On parle de crise de la démocratie, mais nous sommes par ces faits véritablement dans une crise de la démocratie.

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