: Témoignage "On a toujours ça en tête" : victime d'intimidations et sous protection policière, la maire de Saint-Brévin raconte son quotidien
Sept maires sur dix ont déjà fait l'objet d'incivilités : c'est ce que révèle une étude du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po. Plusieurs d'entre eux ont même été la cible de menaces de mort ces derniers mois. Les agressions d'élus locaux devraient être au cœur du 105e congrès de l'association des maires de France qui s'ouvre mardi 21 novembre, où plus de 10 000 élus sont réunis à Paris pendant trois jours. À Saint-Brévin (Loire-Atlantique), Dorothée Pacaud a pris la succession de Yannick Morez en juin dernier, lui-même cible d'intimidations et qui avait démissionné sous la pression, notamment, de l'extrême droite.
Tous deux avaient soutenu le projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile et la nouvelle élue vit sous protection policière depuis plus de 4 mois. Tous les jours, un agent est à ses côtés : "Quand je sors de chez moi il m'accompagne dans tous mes déplacements", raconte Dorothée Pacaud. Peu de place donc pour la légèreté, dit-elle, et elle en ressent particulièrement le poids dans sa vie personnelle : "Le fait de devoir toujours anticiper, prévenir, être accompagnée partout. Forcément il y a des choses qu'on a moins envie de faire."
Huit plaintes déposées
C'est après les lettres d'injures et les menaces de mort, reçues cet été, que cette protection a été décidée : "On a toujours ça en tête quelque part. Ce n'est pas quelque chose de normal, ça veut dire qu'il y a une menace, qu'on est potentiellement une cible. Ça génère forcément un petit fond d'inquiétude. Et en même temps ça rassure, parce que justement c'est parce qu’on est protégé qu'il n'arrive rien." Une légère crainte, donc, à l'idée que la mesure soit levée prochainement. Dans le même temps, Dorothée Pacaud a déposé plainte huit fois. Certaines ont été classées sans suite, d'autres sont toujours à l'étude. "C'est extrêmement passionnant d'être maire. Donc non, je n'ai jamais eu de regrets", assure l'élue. Mais elle réclame un soutien concret de l'État : "C'est ça qu'attendent les élus locaux. Et si on veut qu'il y ait des candidats en 2026, c'est ce sur quoi il faut travailler!"
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