Cet article date de plus de huit ans.

A Caen, des contrôleurs obligés de compter les migrants présents dans les bus

Selon des documents internes consultés par France Bleu Normandie, les contrôleurs d'une ligne de bus de Caen sont obligés de compter les migrants présents dans le véhicule et d'indiquer l'endroit où ils suspectent l'existence d'un squat.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (La ligne 61 relie le centre ville de Caen à la gare maritime de Ouistreham © Radio France - Nolwenn Le Jeune)

C'est une mesure inacceptable pour la CGT, et une demande qui rend certains contrôleurs très mal à l'aise : selon des documents internes consultés par France Bleu Normandie, les contrôleurs d'une ligne de bus de Caen sont obligés de compter le nombre de migrants présents dans le véhicule et d'indiquer l'endroit précis où ils suspectent l'existence d'un squat. Une demande qui aurait été formulée expressemment par la préfecture.

L'affaire portée devant le CHSCT

C'est la ligne 61 de la compagnie de transports caennaise, Twisto, qui est concernée par ce pointage. Elle relie le centre-ville de Caen à la gare maritime de Ouistréham. Les syndicats ont décidé de porter l'affaire devant le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Le syndicat CGT a notamment en sa possession deux documents précis qui prouvent cette pratique: un tableau sur lequel le terme "migrants" figure clairement et où les contrôleurs doivent inscrire le nombre de migrants contrôlés, et éventuellement verbalisés. Le second est une note manuscrite, dans laquelle la direction demande à ses agents de "faire deux contrôles sur la ligne 61 par équipe".

Une demande de la préfecture ?

"La préfecture nous demande de maintenir ce niveau de présence. Si vous suspectez la mise en place de squat, merci de remonter l'information (lieu précis)", indique encore la note manuscrite, que France Bleu Normandie a pu consulter.

La CGT dénonce une mesure inacceptable, qui rappelle une autre époque. "Quand par décret le gouvernement de l'époque a réquisitionné des bus pour procéder à ce qu'on a appelé la rafle", s'emporte Thierry Poullennec, ancien contrôleur de bus aujourd'hui retraité.

"Des agents nous ont alertés " explique quant à lui Samuel Varnier, secrétaire CGT du CHSCTde Twisto. "Ils sont très mal à l'aise, et certains refusent d'ailleurs de faire ce comptage" .

La direction de Twisto a assuré aux représentants du personnel qu'elle a agi sur injonction de la préfecture du Calvados. Cette dernière n'a pour le moment pas souhaité répondre aux questions de France Bleu Normandie à ce sujet.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.