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14 juillet : défilé sous le soleil dans un climat morose

Le traditionnel défilé du 14 juillet s'est déroulé sous les yeux d'un parterre d'invités inégalé. Clou du spectacle, l'atterrissage de précision des parachutistes devant la tribune officielle. Mais le défilé n'a pas dissipé le climat lourd, entre réforme des armées, affaire de Carcassonne et présence du président syrien parmi les invités d'honneur.
Article rédigé par franceinfo
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L'image et le son résument assez bien l'ambiance particulière de ce 14 juillet 2008. Aux côtés du chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, le chef de l'Etat descend les Champs Elysées juché sur un “command-car”. Sous le soleil, aux accents martiaux de la musique militaire, c'est l'image du prestige incarné. Mais sur le côté, au milieu des badauds, on entend nettement les sifflets. Prestige et controverse... C'est le défilé du “Yin” et du “Yang”.

Côté “Yin”, il y a d'abord la tribune officielle. Un parterre d'invités sans précédent la garnit, au lendemain de la création de l'Union pour la Méditerranée. Encadrant Nicolas Sarkozy, l'Egyptien Hosni Moubarak, et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon. L'Israélien Ehud Olmert et le Palestinien Mahmoud Abbas, assis sur les mêmes travées, contemplant le même spectacle de cette vieille armée, qui a connu tant de guerres, de paix, de jours de victoires et de sombres défaites. Des dirigeants européens aussi, comme l'Espagnol Jose Luis Zapatero, l'Italien Silvio Berlusconi ou l'Allemande Angela Merkel.

Les absents ne se sont presque pas fait remarquer, comme le Premier ministre François Fillon, excusé pour cause de mal de dos, ou Ingrid Bétancourt, qui devait être là et qui ne l'est pas.

“Yin” aussi le côté militaire. Sept parachutistes qui se posent sur la place de la Concorde sous des voilures bleu-blanc-rouge, et cette ambiance des défilés qui fait le sel du 14 juillet.

Sous les képis, l'amertume

Mais les escouades ont beau faire, l'ambiance n'est pas à l'unisson de la météo radieuse. Car sous certains képis flotte l'amertume. Bien-sûr, rien ne filtre sur les visages. Pour le ressentir, il faut s'éloigner de de la pompe des Champs Elysées. A environ 170 km à l'est, aux abords du camp de Mourmelon, en Champagne, c'est un autre défilé qui circule dans les rues. Celui des fermetures de casernes qui risquent de plonger des régions dans le marasme.

Et puis au delà de la carte militaire, il y ce climat pesant entre les armées et leur chef. Les réductions d'effectifs au sabre d'abordage et ce groupe d'officiers - "Surcouf" - poursuivi par des enquêtes internes pour avoir osé écrire ce qu'il en pensait. ll y a surtout ces mots - très durs - utilisés par le président et ses ministres après l'affaire de Carcassonne, qui ont provoqué la démission du patron très respecté de l'armée de terre. Nicolas Sarkozy a tout de même tressé quelques louanges après la fête pour enterrer la hache de guerre.

Le président estime pourtant qu'il n'y a aucun malaise dans les armées. Interrogé sur la question pendant la garden party, il a été très clair : "Il n'y a aucune grogne. Tout ça, c'est de la mousse." Les militaires et les civils concernés par les 54.000 suppréssions de postes à venir apprécieront.

Côté “Yang” aussi, la controverse autour de la présence du président syrien Bachar al-Assad. Qu'ont pensé les casques bleus qui ont ouvert le défilé, alors que leurs anciens collègues accusent la Syrie d'être derrière l'attentat du Drakkar, qui a tué 58 soldats de la paix au Liban en 1983 ? L'association Reporters sans frontières, elle, n'est pas muette, et elle ne s'est pas privée de manifester contre la présence du dirigeant syrien. Son secrétaire général, Robert Ménard a d'ailleurs été interpelé avec huit autres militants.

Les autorités françaises contestent l'implication de la Syrie dans l'attentat. Une “erreur historique”, souligne-t-on au ministère. Robert Ménard, lui, a été remis en liberté dans l'après-midi.

Grégoire Lecalot

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