Société : un dernier enfant tardif ?
Notre dossier : Quand les parents jouent les prolongations. Beaucoup y pensent, quelques-uns le font. Donner naissance à un petit dernier quand les autres sont déjà grands. Quelle place pour le nouveau venu parmi ses frères et soeurs ? Devient-il une sorte d'enfant unique.
Dans la famille Proust, les parents. Leurs garçons, Noé et Vivien. Entre les deux, Edwin qui n'est pas là aujourd'hui. Puis Anton, arrivé 11 ans après la tribu des grands frères. Un petit dernier débarqué alors qu'elle avait 44 ans.
C'est une décision mûrement réfléchie de ma part. Le papa était moins emballé mais il est un peu angoissé de nature.
L'envie aussi d'être mère une dernière fois, quand les aînés ont grandi.
C'est une source de joie, de calins, de bonheur au quotidien. On va faire le sapin.
Oui.
Un petit dernier encore capable de s'émerveiller devant le sapin de Noël. Et une femme soucieuse du temps qui passe.
Ça va comme ça.
Ça permet de continuer a transmettre une image de maman jeune.
Finalement, il s'est laissé convaincre. "Elle avait raison", dit-il aujourd'hui. Pouponner a nouveau quand les grands sont sortis d'affaire, cela vous donne de l'énergie. Un regain de jeunesse. Surtout, un petit dernier ne s'élève pas comme les autres.
Avec l'âge, on relativise, on prend du recul, on s'énerve moins. Clairement, je m'énerve moins avec lui qu'avec les grands.
C'est clair! Ma mère devient plus laxiste.
C'est ce que j'allais dire, il y a plus de mou.
Un petit dernier entouré de grands. L'aîné, avec ses 17 ans d'écart, peut faire figure de papa.
Des fois, j'ai un rôle éducatif pour lui. Je pense que je suis une des seules personnes dont il peut avoir peur, il n'est pas terrorisé, mais pousser un coup de gueule c'est parfois le seul moyen de le calmer.
Difficile aussi de partager des jeux.
Des fois, il se fâche.
Contre toi.
Oui.
Le petit dernier.
Anton est un peu seul.
C'est vrai, il n'aura pas un frère comme compagnon de jeux.
Cet écrivain était petit dernier, il en a fait un livre. Il pense qu'il est difficile de trouver sa place dans la famille, même si elle est enviable.
C'est une excellente place. On voit tout, on entend tout, on sait tout. On est dépositaire de tous les qualités et défauts de ceux d'avant, vous servez de poubelle, de confident, de liaison entre eux, mais vous êtes un peu dépersonnalisé dans ce processus. Et vous avez du mal à vous construire. Vous vous posez la question de l'identité rapidement.
Aujourd'hui la famille est réunie, avec une place de choix pour Anton. Bientôt, les grands frères partiront. Il restera alors seul auprès de ses parents. La séparation risque d'être plus difficile.
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