Société : pression familiale
Retour en France avec le dossier de cette édition en cette rentrée, sur les ressorts d'une pression toujours plus forte. Résultats scolaires ou discipline sportive. Jusqu'où faut il pousser les enfants à la performance ? Comment trouver les limites ? "Tu seras parfait, mon fils".
Dernières balles d'entraînement pour ce garçon prometteur. Dans quelques heures Baptiste 12 ans va se battre pour un titre départemental. Au bord du terrain, son père doit se faire violence pour ne pas intervenir. Ce ne fut pas toujours le cas.
Ça tiendrait qu'à moi, je serais là tout le temps. Si je m'écoutais je l'emmènerais à 50 tournois par an.
Ça peut être une caution supplémentaire pour lui. Il va se dire, il y a mon papa qui me regarde, faut que je joue bien.
Pendant longtemps ses parents en demandaient beaucoup pour un enfant de cet âge. Score, performances, Baptiste faisait ce qu'il pouvait, mais il était souvent colereux et personne ne comprenait pourquoi.
Il était capable de jeter sa raquette, de marcher dessus, de se faire mal. Il criait sur le terrain. C'était des attitudes de désespoir. Il n'arrivait pas a se gérer.
Baptiste avait trop de pression. Pas seulement sur les courts de tennis. A la maison aussi il avait tout le temps peur de décevoir.
J'étais stresse, énervé parce que je n'arrivais ni a satisfaire ni a faire ce que je voulais. Je n'avais pas confiance en moi. Je me disais que si je ne reussissais pas, c'était une déception pour eux.
A l'école, malgré ses bonnes notes, il collectionne les remarques des professeurs. Attitude gênante, bavardages incessants, attitude en classe qui perturbe le groupe. Avec sa soeur et ses parents, les relations deviennent difficiles.
Il était agite, il prenait beaucoup d'espace. Il était colereux.
Tout tournait autour de lui. Il attirait l'attention sur tout. On sentait qu'il n'était pas serein.
Quand on lui demandait ce qui se passe, il disait :je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à comprendre, à expliquer. Il y a quelque chose dans ma tête mais je n'arrive pas a l'expliquer. On s'est dit qu'il fallait qu'on se fasse aider.
A ce moment-là, ses parents n'ont toujours pas compris ce qui ronge Baptiste. Il faudra une médiation familiale, tous ensemble avec Mathilde 9 ans, pour qu'ils prennent conscience du poids qui pesait sur leur fils. 5 séances étalées sur 6 mois avec ces 2 psychologues leur ont permis d'ouvrir les yeux. La clef se trouvait dans leur propre histoire et dans leurs inquiétudes de parents.
J'aimerais que mes enfants soient au top pour me sentir bien. Peut-être que ça me rassure en tant que père : je suis un bon papa, mon fils réussit a l'école, ma fille va bien.
Je suis très perfectionniste. Cette recherche de l'excellence est importante chez nous.
Qu'est ce que tu retiens de ce qui se dit ici en médiation.
Ils ont dit qu'ils étaient fiers, même si je ne réussissais pas dans ce que je voulais faire. Même si il y avait l'échec, c'était pas grâve il étaient quand même fiers de moi.
Et ça, tu ne le savais pas.
J'en étais pas sûr.
La sincérité de Baptiste a ému ses parents. Pourtant ce qu'ils ont découvert ici n'a rien d'exceptionnel.
C'est le constat qu'on a fait toutes les deux depuis 10 ans et ça ne va pas en s'améliorant. Il y a une pression descendante de la société sur la réussite sociale, financière, sur la performance. Il n'y a pas le droit à l'erreur. Inconsciement les adultes qui le vivent au niveau de la société, le répercutent sur les attentes et les projections qu'ils font sur leurs enfants.
On voit arriver dans nos cabinets des enfants qui ont à peine le pied au CP. Il y a déjà une inquiétude ou une demande de la part des enseignants qui sont inquiets également pour que cette réussite soit tout de suite au rendez-vous.
Baptiste se sent plus léger. Ses parents restent vigilants. Ils savent que les mauvaises habitudes peuvent revenir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.