Une bactérie dans un lac empoisonné, et le monde scientifique est chamboulé
Cette découverte est, semble-t-il, née d'une bête discussion entre trois scientifiques il y a quelques années. Ils s'étaient demandés si, tout compte fait, il ne pourrait pas exister sur Terre des formes de vie différentes, nées de lois biologiques inédites.
_ Et de l'expérimenter dans un milieu dénué de phosphore (que l'on pensait indispensable à la vie) mais bourré d'arsenic (réputé poison violent). On notera, en convoquant au passage ses vieux souvenirs de collège, que phosphore et arsenic sont très proches dans le tableau périodique des éléments.
Bref, pour vérifier l'hypothèse, ces chercheurs sont allés prélever des sédiments tout au fond du lac Mono, en Californie. Un lac où on se gardera de plonger, à cause de sa teneur en sel et arsenic. Les sédiments ont été mis en bouteille, et miracle : une bactérie ! "Une bactérie connue, précise le Professeur Anbar, l'un des trois découvreurs. Ce n'est pas un truc super nouveau". Mais alors ? Et bien, ça change tout.
Ces travaux, financés par la Nasa et publiés sur le site Science Express, ouvrent même d'insondables perspectives, pour les chercheurs... et les adeptes de science-fiction. Car non seulement cette banale bactérie a survécu au poison, mais elle s'en est "nourrie", c'est-à-dire qu'elle l'a incorporé dans son ADN, pour en faire un des facteurs de son propre développement.
_ Mais, ce qu'on en déduit surtout, c'est que la recette de la vie n'est plus tout à fait celle que l'on croyait. Et dès lors, on peut envisager être passé à côté de formes de vie insoupçonnées, sur Terre, mais aussi sur la Lune, ou sur Mars. On cherchait de l'eau, pas de l'arsenic !
De là à imaginer soudain des aliens fourmillant dans l'espace, on en est encore loin, même si la Nasa a bien "vendu" son affaire, en annonçant texto "une découverte
scientifique liée à la vie extra-terrestre". Pourtant, les chercheurs vont sans doute désormais regarder à deux fois dans leur télescope. Parce que certaines planètes, trop vite et injustement décrétées invivables, pourraient s'avérer de parfaits paradis... pour bactéries gourmandes d'arsenic.
Cécile Quéguiner, avec agences
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