Nouvelle alerte sur le bisphénol A
Le bisphénol A était connu comme le “poison” des biberons. En juin dernier, l'Union européenne a interdit son utilisation dans ce cadre. Mais le bisphénol A (BPA) est encore très présent dans notre environnement, et souvent en contact avec les aliments.
Et pour cause, cette molécule, utilisée depuis une cinquantaine d'années, est utilisée dans la fabrication d'une soixantaine de secteurs d'activité. On en trouve dans des emballages alimentaires, des bouteilles d'eau, des boites en plastique, des revêtements de canettes ou de boîtes de conserve, ou encore des reçus de paiement type tickets de cartes de crédit.
Plastiques, canettes, conserves... et tickets de caisse
Un produit répandu, donc, mais plus que soupçonné de poser de sérieux problèmes de santé, et ce, même à faible dose. Comme d'autres perturbateurs endocriniens, il a des effets sur le fonctionnement des hormones. Il pourrait interférer sur la fertilité féminine, sur les pathologies cardiovasculaires, sur le diabète et sur la prise de poids. Il pourrait également perturber la croissance et en particulier avancer l'âge de la puberté. Mais ces effets possibles font encore l'objet d'études scientifiques et tous ne sont pas prouvés chez l'homme, bien que les travaux sur les animaux aient donné des résultats peu rassurants.
L'Anses a donc fait de cette substance un “objectif prioritaire”. Elle recommande sa substitution dans les produits destinés aux nourrissons, aux jeunes enfants, aux femmes enceintes et allaitantes : “même si nous n'en sommes qu'à une étape de l'évaluation de risques et (...) que les effets du bisphénol A sur l'homme ne sont pas avérés, l'Anses considère qu'il y a néanmoins suffisamment d'éléments scientifiques à ce stade pour appeler à agir (...) dans une logique de prévention ”, explique Marc Mortueux, directeur de l'Anses.
Les industriels de l'agroalimentaire se sont déclarés “surpris” par ces rapports. “Il y a un an l'Agence européenne pour la sécurité
des aliments (Efsa) et (en novembre, NDLR) l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont estimé qu'il n'y avait pas de risque pour la santé. Nous étions dans une attitude de confiance”, s'étonne Jean-René Buisson, président de l'association nationale des industries alimentaires. Il promet néanmoins de travailler sur les substituts au BPA, mais prévient qu'il faudra compter au moins trois ans.
Grégoire Lecalot, avec agences
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