Cet article date de plus de neuf ans.

Nos ancêtres taillaient déjà des outils il y a 3,3 millions d'années

Ces outils préhistoriques ont été découverts au Kenya, à l'ouest du lac Turkana.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les archéologues Sonia Harmand (G.) et Jason Lewis examinent les outils découverts au Kenya, sur une photo non-datée publiée le 20 mai 2015. ( AP / SIPA )

Nos ancêtres ont fabriqué des outils plus tôt qu'on ne le pensait. La découverte d'outils humains vieux de 3,3 millions années, annoncée dans la revue Nature (en anglais) mercredi 20 mai, repousse de 700 000 ans l'apparition des premiers outils de pierre taillée. Ils ont été retrouvés à l'ouest du lac Turkana, au Kenya.

Ces nouveaux vestiges sont également 500 000 ans plus anciens que les premiers restes du genre Homo, notre ancêtre direct longtemps présenté comme le premier fabricant d'outils. "Notre découverte montre qu'un autre genre d'hominidé, peut-être une forme d'australopithèque plus ancienne, avait déjà toutes les capacités cognitives et motrices nécessaires à la fabrication d'outils", explique Sonia Harmand, de l'université Stony Brook, chargée de recherche au CNRS. Jusqu'à maintenant les scientifiques considéraient que les australopithèques étaient capables d'utiliser des outils, mais incapables de les fabriquer.

Des enclumes et des percuteurs

Ces nouveaux instruments mis au jour sont en majorité des blocs de lave, lourds et volumineux servant d'enclume, des percuteurs, des éclats ou des nucléus (des blocs de pierre débités pour produire des éclats ou des lames). Ces objets évoquent deux modes de fabrication d'outils : la technique dite "sur enclume" - le bloc est maintenu sur l'enclume par une main pendant que l'autre utilise le percuteur pour frapper et obtenir des éclats tranchants - et la technique dite "sur percuteur dormant" - le bloc à tailler est directement percuté sur l'enclume.

Selon le CNRS, la grande variété des objets trouvés montre clairement que l'intention de ces hominidés était de créer des outils. "Il est difficile de reconstituer le mode de vie des premiers hommes et des australopithèques", commente Sonia Harmand. "L'idée que les outils ont servi à découper de la viande (pour les éclats tranchants) ou à avoir accès à la moelle des os (pour les plus gros blocs) est la plus conventionnelle, souligne-t-elle. Mais à ce stade de nos recherches, il est trop tôt pour en dire plus".

L'étude précise qu'il reste également à définir quelles espèces d'hominidés ont pu les fabriquer. Sonia Harmand ouvre deux pistes : Kenyanthropus platyops, dont des restes ont été découverts à quelques centaines de mètres des outils, en 1999, ou Australopithecus afarensis, un australopithèque dont Lucy est la plus célèbre représentante.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.