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Les labos ébranlés par un spot vidéo à connotation SM

Après le scandale du Médiator, les laboratoires pharmaceutiques se seraient bien passés de ce nouveau pavé dans la marre. Au centre de la polémique, un clip vidéo projeté aux visiteurs médicaux de la filiale française du groupe américain Lilly. Une vidéo d'un goût plus que douteux réservé à un usage internet mais que Libération a pu se procurer.
Article rédigé par franceinfo
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Ce spot d'une minute à peine a été projeté début janvier lors d'une réunion interne régionale de salariés de la filiale française du groupe pharmaceutique américain Eli Lilly. Objectif, motiver les forces de vente, et plus particulièrement dans ce cas précis les visiteurs médicaux, chargés de promouvoir, auprès des médecins, les médicaments fabriqués par le laboratoire.

Cette vidéo à connotation sado-masochiste montre un homme, censé être un médecin, sous l'influence d'une sulfureuse panthère, censée être une visiteuse médicale, armée d'un fouet. A la fin du clip, le docteur finit tout nu et ruisselant de sueur, promettant, ses mains en guise d'armure sur ses parties, qu'il prescrira le Zypadhera à ses patients. Le Zypadhera, un médicament pour lutter contre la schizophrénie et qui, cerise sur le gâteau, fait partie des 73 produits pointés du doigt par les autorités de santé en début de semaine.

La direction de Lilly France se dit consternée et parle d'une initiative personnelle "d'un cadre en début de carrière" totalement désapprouvée par le laboratoire, rapporte Libération sur son site Internet. Libération qui s’est donc procuré cette vidéo d’un goût douteux et initialement réservée à un usage strictement interne.

Du côté des médecins, scandalisés, on attend au minimum des excuses. C'est chose faite : " nous tenons vraiment à présenter toutes nos excuses ", assure sur France Info Florence Percie Du Sert, en charge de la communication du laboratoire Lilly France.

Cette polémique ne pouvait pas tomber plus mal pour les industries du médicament au moment où le rôle des visiteurs médicaux est de plus en plus critiqué. Selon Claude Leicher, le président de MG France, c'est le reflet d'un état d'esprit que l'on trouve de plus en plus souvent chez cette profession, à savoir considérer le médecin généraliste comme une personne qu'il faut conditionner pour qu'il devienne une force de vente du laboratoire.

Reste à savoir qui conditionne le "conditionneur". Si l’image du médecin soumis est légitimement vécu par les blouses blanches comme une humiliation, le portrait de la visiteuse médicale, réduite à une ridicule panthère à forte poitrine vêtue d’un string jaune fluo et incapable d’aligner plus de trois mots sans pousser un rugissement grotesque, n’est pas plus élogieux. Une caricature dont on se demande dans quelle mesure elle ne révèle pas un malaise bien réel, de part et d’autre.

Cécile Mimaut

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