Les grandes puissances d'Asie lancées à la conquête de la Lune
Les grandes puissances asiatiques, le Japon, la Chine et l'Inde, sont engagées dans une course à la conquête de la Lune et veulent faire du satellite de la Terre une plate-forme d'exploration de l'espace et de la planète Mars.
Ainsi, le Japon, deuxième puissance mondiale, a lancé avec succès à la mi-septembre une fusée transportant une sonde d'observation de la Lune, première étape du plus ambitieux programme lunaire depuis la mission américaine Apollo en 1969.
"Nous voulons explorer la Lune, mieux la connaître", a déclaré cette semaine à l'AFP Keiji Tachikawa, président de l'agence japonaise d'exploration spatiale JAXA. Cette mission "Kaguya" vise à mieux comprendre l'origine et l'évolution de la Lune.
Au-delà, le rêve du Japon est de construire une base humaine internationale sur la Lune. "La Lune n'est plus seulement un endroit à visiter, mais nous devons envisager d'y habiter et de l'exploiter", a plaidé M. Tachikawa.
Le Japonais s'exprimait en marge d'une conférence internationale sur la conquête de l'espace qui se tient cette semaine à Hyderabad, dans le sud de l'Inde. 2.000 scientifiques, astronautes, constructeurs de satellites débattent des moyens de profiter de la forte croissance attendue de l'industrie spatiale mondiale au cours des dix prochaines années.
Le secteur pourrait représenter 145 milliards de dollars d'activité entre 2007 et 2017 contre 116 milliards entre 1997 et 2006, estime le cabinet spécialisé Euroconsult.
Et l'Inde y nourrit de fortes ambitions.
Le géant économique asiatique, aux ambitions de puissance mondiale, veut mener 60 missions spatiales d'ici à 2013, y compris vers la Lune et vers Mars, a indiqué Prithviraj Chavan, ministre auprès du Premier ministre.
New Delhi a lancé avec succès début septembre un satellite de télécommunications destiné à remplacer un autre détruit en 2006, faisant croître ses espoirs de rafler une part du marché mondial du lancement de satellites lourds, évalué à 2,5 milliards de dollars par an.
En janvier, l'Inde avait réussi, pour la première fois de son histoire, à récupérer sur Terre une capsule spatiale qu'elle avait envoyée quelques jours auparavant: une mission préparatoire à un futur vol habité dans l'espace.
L'agence indienne de recherche spatiale (ISRO) a promis d'envoyer d'ici à 2009 une sonde inhabitée vers la Lune puis d'ici à 2013 une mission similaire vers Mars, avant de tenter d'envoyer un jour un être humain dans l'espace.
Une sonde indienne pourrait partir en mars ou avril 2008 vers la Lune, a prédit B.N. Suresh, directeur du centre spatial Vikram Sarabhai, dans l'Etat du Kerala.
C'est aussi l'an prochain que l'Inde fixera la date d'une mission habitée vers la Lune, a rappelé G. Madhavan Nair, patron de l'ISRO. "Cela prendra sept ou huit ans", a-t-il dit.
Mais la Chine rivale a plusieurs longueurs d'avance.
Pékin a effectué deux missions habitées en orbite ces trois dernières années, devenant le troisième pays, après les Etats-Unis et la Russie, à envoyer par ses propres moyens des êtres humains dans l'espace.
Le programme spatial chinois prévoit aussi des missions lunaires, qui pourraient démarrer cette année avec l'envoi d'un satellite d'exploration.
"Il y a un très fort regain d'intérêt pour l'exploration de diverses planètes", a constaté Sun Laiyan, patron de l'agence spatiale chinoise.
De fait, la Nasa veut envoyer un Homme sur Mars d'ici à 2037, a déclaré le patron de l'agence spatiale américaine, Michael Griffin.
"Nous avons besoin de retourner sur la Lune pour pouvoir aller encore plus loin (...) pour pousser jusqu'à Mars", a renchéri le porte-parole de l'Agence spatiale européenne, Franco Bonacina.
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