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Les animaux mâles sont sur-représentés dans les muséums d'histoire naturelle

Des chercheurs ont analysé près de 2,5 millions de spécimens issus des collections de cinq grands muséums.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des visiteurs du muséum d'histoire naturelle de Paris, le 4 mai 2003. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Les stéréotypes sexistes se sont-ils infiltrés dans les muséums d'histoire naturelle ? Les oiseaux et mammifères mâles sont sur-représentés dans leurs collections, révèle une étude publiée dans Proceedings of Royal Society B (en anglais), mercredi 23 octobre. Un déséquilibre susceptible de biaiser les travaux scientifiques menées à partir de ces spécimens. Des chercheurs ont analysé près de 2,5 millions de spécimens d'oiseaux et mammifères collectés par les muséums de Londres, Paris, New York, Washington et Chicago depuis le XVIIIe siècle.

Pourquoi cette démarche inédite ? "Nous nous intéressions aux préjugés de genre dans le milieu scientifique, où il y a par exemple une sur-représentation de chercheurs hommes blancs" aux postes à responsabilité, explique à l'AFP Natalie Cooper, chercheuse au muséum d'histoire naturelle de Londres et auteure principale de l'étude. "Aussi trouvions-nous intéressant de voir si ce biais masculin se retrouvait dans les collections des musées", poursuit-elle. Une cartographie à grande échelle s'imposait d'autant plus que "le nombre d'études utilisant ces spécimens [prêtés par les musées] continue d'augmenter".

Les mâles plus faciles à chasser et piéger

Sur le vaste échantillon analysé, 40% en moyenne des oiseaux et 48% des mammifères sont des femelles. Ce pourcentage varie en fonction des classifications. Il s'avère particulièrement faible dans de nombreux cas, comme certains passereaux (9,7% de femelles), gobemouches noirs (11,5%), chauve-souris (9,9%)... Autre exemple : moins de 40% des artiodactyles (famille des ongulés) sont des femelles, alors qu'elles sont majoritaires dans les populations sauvages.

Ces disproportions seraient en partie issues d'une sélection délibérée au moment de la chasse. Chez certaines espèces, les mâles sont des cibles plus visibles. Ils sont plus gros, portent des ornements plus colorés (comme l'oiseau de paradis) où des attributs plus saillants (les bois des cerfs)... Mais la sélection peut être aussi "accidentelle", si les animaux sont collectés grâce à des pièges, s'il est difficile de distinguer les deux sexes ou tout simplement quand la population mâle est plus importante, poursuit l'étude. Chez les oiseaux, les mâles sont davantage attrapés dans des filets parce qu'ils sortent,"attirés par les cris émis par les autres mâles, pour les attaquer et marquer leur territoire, alors que les femelles ne répondent pas à ces appels", avance Natalie Cooper.

"Nous n'avons pas un tableau complet du vivant"

L'inégalité dans les collections est susceptible d'affecter plusieurs disciplines, comme la taxonomie ou la parasitologie. "En ignorant les femelles, nous n'avons pas un tableau complet du vivant ; or c'est essentiel pour prédire, entre autres, comment la taille des corps pourrait répondre au changement climatique", souligne Natalie Cooper. Pour les auteurs de l'étude, les professionnels des muséums doivent "prendre conscience" de ces stéréotypes et opter à l'avenir pour une approche plus équilibrée, tant pour améliorer la fiabilité des recherches que la connaissance de la biodiversité.

"Regardez comment les femelles sont considérées comme chastes, soumises aux mâles, sans contrôle de leur accouplement", fait-elle valoir. "Cela reflète des stéréotypes de genre chez les humains au XIXe siècle, pas la réalité dans la nature", assure Natalie Cooper. À l'époque, les responsables des collections dans les musées étaient "pour l'essentiel des hommes". Si la sociologie a changé depuis, "cela ne s'est pas reflété dans les collections", déplore-t-elle.

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