Cet article date de plus de treize ans.

Le médicament Mediator aurait fait 500 morts

Le Mediator, un médicament pour diabétiques en surpoids utilisé aussi par des non-diabétiques en surpoids et interdit depuis novembre 2009, aurait fait en 33 ans quelque 500 morts, selon l'Agence des produits de santé (Afssaps). _ Ces données proviennent d'une estimation de la Caisse d'assurance maladie. Elles seront détaillées demain lors d'une conférence de presse.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France ©Fotolia)

Le Mediator aurait fait environ 500 morts en un peu plus de 30 ans, selon l'Agence des produits de santé (Afssaps).
“Il s'agit d'une estimation populationnelle, d'un calcul rétrospectif”, a
précisé Fabienne Bartoli, adjointe au directeur général de l'Afssaps. Pour parvenir à ce chiffre, la Cnam a évalué l'impact du surrisque de valvulopathie (cardiopathie vasculaire) imputable au Mediator, en se fondant sur la consommation de Mediator en ville, les données d'hospitalisation et celles de décès.
Pour Mme Bartoli il s'agirait d'une hypothèse “moyenne”.
Certains participants à la commission, qui n'ont pas été suivis, ont estimé cependant que l'estimation était a “minima” parce qu'elle ne prend en compte que “le risque pendant quelques années après le début de l'utilisation”.
3.500 personnes ont en outre été hospitalisées, selon Mme Bartoli, qui a précisé que “80% des complications se produisent dans les deux années qui suivent l'arrêt du traitement”.

_ Commercialisé en France par le laboratoire Servier de 1975 jusqu'en novembre 2009, date où il a été interdit, le Mediator (benfluorex) est proche dans sa composition d'un autre produit de Servier, un coupe-faim, l'Isoméride, retiré de la vente en France en 1997.

Une première étude de la Cnam, de novembre 2009, portant sur plus de 43.000 diabétiques ayant pris du Mediator, faisait apparaître qu'ils avaient trois fois plus de risques de souffrir de cardiopathies vasculaires et quatre fois plus de risques d'avoir une chirurgie valvulaire que ceux suivant un autre traitement.
L'Afssaps avait demandé alors une autre étude à la Cnam pour essayer d'apprécier le nombre de personnes qui auraient pu mourir du fait de ce médicament.
La commission de pharmacovigilance de l'Afssaps a tenu cet apres-midi une réunion extraordinaire sur cette deuxième étude, pour discuter de la méthodologie employée, des hypothèses retenues et des conclusions à en tirer. La discussion a été animée, selon plusieurs sources.
A l'issue de la réunion, il a été décidé de rappeler aux professionnels de santé les recommandations de suivi émises en 2009, lors de l'interdiction du produit, et de les renforcer encore en demandant aux gens qui en ont pris pendant plus de trois mois d'aller voir leur médecin traitant, selon Mme Bartoli.
Une possibilité qui ne vaut que pour ceux qui en ont pris depuis 2008, les bases de données nominatives des caisses primaires d'assurance maladie n'étant pas conservées au delà de 24 mois.

_ Le laboratoire Servier a été condamné plusieurs fois à verser des dommages et intérêts pour l'Isomeride, plusieurs dossiers sont en justice pour le Mediator. Le laboratoire dénonce aujourd'hui "des hypothèses fondées sur des extrapolations".

_ Une thèse publiée en juin à l'université de Rennes, relevait que 300.000 personnes ont été chaque année exposées au Mediator, ce qui correspondrait à “entre 150 et 250 hospitalisations chaque année et à une trentaine de décès annuels”. Soit, pour plus de 30 ans de commercialisation du médicament, une estimation d'“entre 500 et 1.000 morts”.

Réagissant à la nouvelle estimation de 500 morts, émanant donc cette fois-ci de la Caisse d'assurance maladie, le nouveau ministre de la Santé Xavier Bertrand, qui s'est dit "préoccupé par ce dossier, a demandé à voir dans la matinée le patron de l'Afssaps à qui il demande de lui faire un point de la situation ", a indiqué son entourage.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.