C'est un exploit scientifique sans précédent. A partir d'un os découvert dans une grotte espagnole, des scientifiques ont reconstitué l'ADN d'un être humain vieux de 400 000 ans. Jamais personne n'avait percé les secrets d'un code génétique si ancien. Nous ne sommes probablement pas des descendants de "cet homme de Sima" (baptisé ainsi car trouvé dans le Sima de los Huesos (le "gouffre des os") à Atapuerca, dans le nord de l'Espagne). Mais cette prouesse pourrait permettre de remonter suffisamment dans le temps pour suivre les traces de nos ancêtres, s'enthousiasme une étude publiée mercredi 4 décembre dans la revue Nature (en anglais).Entre l'Homo heidelbergensis, le Néandertalien et le DénisovienCes fossiles humains sont classés par les spécialistes parmi les Homo heidelbergensis, bien qu'ils possèdent aussi des traits typiques des Néandertaliens. L'analyse de leur ADN montrent qu'ils sont en fait liés aux Dénisoviens : un groupe d'hominidés appelés aussi "hommes de Denisova", proches cousins de Néandertal et de l'homo sapiens (l'humain moderne), qui ont transmis certains de leurs gènes aux habitants actuels de l'Asie du sud-est, en particulier aux Papous, en Nouvelle-Guinée.Mais attention, s'il partage bien des traits avec les Dénisoviens, cet "homme de Sima" en a divergé quelque 700 000 ans avant notre ère, souligne l'étude. Ainsi, cette prouesse "ouvre la voie à l'analyse des gènes des ancêtres des Néandertaliens et des Dénisoviens", résume Svante Pääbo, directeur de l'Institut Max Planck (Allemagne) et mondialement connu pour ses travaux sur la génétique des hominidés. Jusque-là, le plus ancien génome humain séquencé était âgé de "seulement" 70 000 à 80 000 ans.