Les médias américains tissent leurs toiles sur la campagne
Qui a vraiment gagné le premier débat entre Barack Obama et
Mitt Romney ? A en croire les six points, en moyenne, grappillés dans les
sondages par le candidat républicain face au président sortant depuis leur
affrontement, la réponse est évidente. Mais Barack Obama a-t-il vraiment été
mauvais ?
Peu importe, répond une étude publiée par un professeur en communication de l'Université d'Etat de l'Ohio en
septembre dernier. Le texte explique notamment que "les débats présidentiels
donnent à voir beaucoup d'arguments sur les grandes questions de la campagne,
mais la couverture médiatique qui vient juste après fait oublier leurs
importances auprès des électeurs" . En clair, les médias peuvent doper
l'importance électorale d'un débat présidentiel. "L'histoire montre que
les débats ont rarement inversé les tendances, mais s'ils le font cette année,
ce sera en raison des médias" , résume sur son blog John Sides, professeur
de science politique à l'Université George Washington.
Si les sondages réagissent une nouvelle fois au quart de
tour après le deuxième débat de la nuit prochaine, la couverture des médias y
serait donc pour beaucoup. Mais qu'est-ce qui a changé depuis les dernières
élections ?
Faire feux de tout support
Les candidats ne sont pas les seuls à avoir compris
l'importance des réseaux sociaux dans cette campagne présidentielle. Dans son
rapport 2012 sur l'évolution des médias américain, le Pew Projet for Excellence in Journalism fait le constat
suivant : "Plus de quatre Américains
sur 10 possèdent aujourd'hui un smartphone, et un sur cinq une tablette. Les
nouvelles voitures que l'on fabrique intègrent de l'Internet à bord. Avec cette
mobilité vient une plus grande immersion dans les médias sociaux" . Toujours
d'après cette étude, près d'un tiers des électeurs américains s'informent
exclusivement via internet. Message reçu par les principaux médias américains.
La plupart d'entre eux ont créé des
comptes Facebook ou Twitter spécialement dédiés à la présidentielle. Le
New York Times a par exemple lancé sa propre application mobile dédiée à
l'élection, "the non-stop destination for political
news" .
On y trouve les derniers articles du quotidien mais aussi du contenu spécifique
des journalistes politiques ou encore du contenu multimédia. De son côté NBC, a mis en ligne son Make it personal et offre aux électeurs un contenu pédagogique pour mieux se retrouver parmi les propositions des candidats.
D'autres grands groupes se sont
engagés dans des partenariats avec les deux poids lourds des réseaux sociaux. C'est le cas notamment de CNN . La chaîne de télévision et Facebook ont lancé en août dernier une
plateforme interactive. On y trouve une carte qui montre le nombre d'utilisateurs qui
parlent de Barack Obama ou de Mitt Romney dans les Etats américains. Qui est
cité le plus souvent? Dans quel état ? Et par qui ? Bref, quel candidat fait le
buzz ?
De son côté, USA Today a lancé son election metter en
partenariat avec Twitter . Là encore, il s'agit de mesurer la
popularité du président sortant ou du candidat républicain. Mais le site
analyse aussi le sentiment des utilisateurs du réseau social vis-à-vis des
candidats.
Analyses et commentaires en
temps réel
Autre association entre un
média traditionnel et internet : ABC news avec Yahoo ! News. L'alliance
entre la chaîne télé et le géant du numérique américain permet de pouvoir
potentiellement toucher 100 millions de
personnes (entre téléspectateurs et internautes). L'un des outils mis en place
par le duo lors du débat entre les candidats à la vice-présidence montre
l'importance grandissante du commentaire en temps réel lié à l'usage
d'internet.
De
son côté, CNN permet à ses utilisateurs d'isoler des extraits vidéo de
discours ou d'un débat et de les partager rapidement sur son réseau social. La
chaîne propose aussi d'intégrer en quasi simultané les meilleurs moments d'un
débat sur son blog ou son site internet.
Le fact-checking en étendard
L'exercice de vérification de la parole des candidats n'est
pas nouveau mais il a pris beaucoup plus d'importance pendant cette campagne. Lors du premier débat, la plupart des
fact-checkeurs ont vérifié en simultané les propos des candidats. C'est le cas
notamment du New York Times pour le premier débat ou du Hufftington post pour le débat des
candidats à la vice-présidence.
De son côté Factcheck.org, pionner du genre, propose un débriefing en direct
des débats sur son compte Twitter . Le Washington Post, avec son The Fact Checker
promet lui aussi de dire "la vérité derrière la rhétorique"
en attribuant des pinocchios aux candidats. De son côté le site Politifact, prix
Pulitzer 2009, s'est associé à plusieurs titres de la presse régionale pour
assurer une présence sur papier dans onze Etats américains. Enfin MotherJones, qui
s'est fait connaître en dévoilant la vidéo des 47% de Mitt Romney, propose aux
électeurs d'alerter eux-mêmes sur d'éventuels mensonges ou inexactitudes des
candidats.
L'heure des datas
Les Google et autres Twitter n'ont pas
attendu les médias traditionnels pour délivrer des informations brutes, sans
filtre, à leurs utilisateurs. Le moteur de recherche propose par exemple une "boîte à outils" qui s'appuie sur son réseau Google +, sa plateforme vidéo Youtube et son
agrégateur d'informations Google news. On y trouve des sondages en temps réel,
des centaines de vidéos, des cartes interactives, bref des centaines d'informations
à compiler soi-même. Twitter a également mis en place son propre compte sur la
campagne avec les cotes de popularité de
Barack Obama et Mitt Romney en temps réel. Le compte mesure également le nombre
de commentaires, l'audimat du réseau social pendant les débats.
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