France Info au cœur de la Silicon Valley : quand l'éducation devient un business mondial
Imaginez-vous avec un caddie virtuel sur Internet, vous n'achetez pas des livres, de la musique, ou un voyage, vous achetez des cours en ligne. Il existe en effet aujourd'hui des sites Internet qui réunissent des cours très différents, du cours de piano pour les enfants aux cours prestigieux d'universités en passant par des remises à niveau en informatique. Sur ces sites, il y a des dollars qui s'affichent et les avis des utilisateurs sont mentionnés.
L'une de ces plates-formes s'appelle Udemy, c'est une start up très en pointe dans la Silicon Valley qui a réussi à lever 48 millions de dollars, c'est considérable. Les investisseurs y croient. Shannon Hugues est la directrice du marketing, elle propose 20.000 cours en ligne dans 190 pays. Et la plupart des cours coûtent moins de 100 dollars. Elle part du principe que "65% des jeunes en formation auront un métier qui n'existe pas aujourd'hui ". Cette diplômée de Berkeley remarque que "les employeurs disent souvent que les étudiants ne sont pas préparés aux métiers d'aujourd'hui ". Il y a donc un besoin considérable de formation selon elle. C'est un "business " indéniable.
Aux Etats-Unis, les Moocs sont souvent gratuits, mais jusqu'à quand, c'est difficile à savoir. La plate-forme Coursera se développe dans le monde entier pour diffuser ses cours. De nombreux cours sont notamment traduits en chinois. Les marchés asiatiques, indiens et brésiliens sont florissants. L'une des responsables de Coursera, Daphné Koller, n'hésite pas d'ailleurs à parler de "révolution dans l'accès aux connaissances ".
Une dette étudiante supérieure à mille milliards de dollars
Les étudiants américains apprécient plutôt les MOOCs. Il y a plusieurs raisons. En Californie, certaines universités publiques sont prises d'assaut, les étudiants préfèrent donc parfois suivre les cours de chez eux. En plus, de nombreux étudiants travaillent, ils n'ont pas toujours le temps d'aller en cours. Les inscriptions coûtent en effet très cher, au minimum 15.000 dollars par an, même dans les universités publiques, et ça grimpe à plus de 30.000 dollars à Stanford qui est privée.
Delphine sort de l'université de Santa Cruz, elle constate que les étudiants s'entassent parfois dans des amphithéâtres bondés, les MOOCs peuvent donc être une bonne solution pour elle. La responsable du lycée français de San Francisco Elisabeth Chaponnot le constate : "l'endettement va vite faire évoluer le système en ligne, il y a un marché et un public ".
Les MOOCs arrivent en France
En France le contexte est quelque peu différent. Les cours en ligne arrivent lentement mais sûrement. L'Hexagone commence à proposer ses propres MOOCs depuis un an sur la plate-forme France Université numérique. En parallèle, la plate-forme américaine Udemy va venir en France en 2015 pour se faire connaître et se développer, elle a déjà des clients français mais elle peut en avoir bien plus. Thimothé Toury est l'un des responsables de l'université de technologie de Troyes, il était en Californie fin octobre, il envisage déjà les conséquences de cette déferlante du numérique en France. Pour lui, ces enseignements en ligne créent un "dumping " et des "établissements seront déstabilisés ".
En tous cas, pour le moment, les situations sont peu comparables. Il y a une cinquantaine de MOOCs sur la plate-forme France Université numérique. C'est encore bien timide comparé aux 1.500 MOOCs et aux 100 millions d'heures de vidéos présentés par le site américain Coursera.
Fin octobre, un voyage d'études dans la Silicon Valley a été organisé par le magazine l'Etudiant, avec Educpros. Une vingtaine de responsables d'universités, d'écoles de commerce et d'ingénieurs ont découvert pendant une semaine le fonctionnement de la "Singularity University", de Stanford et de Berkeley. Ils se sont également rendus dans des entreprises phares du secteur comme Google, Oracle, Autodesk ou Coursera. Plus d'infos sur cette "Learning expedition" sur le site de l'Etudiant
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