Bijoutier niçois : débat autour d'une page Facebook de soutien
Bidonnage ou phénomène de société ? Depuis quelques jours, une page Facebook fait débat. Créée le 11 septembre, elle s'intitule "Soutien au bijoutier de Nice", en référence au bijoutier niçois de 67 ans qui a tiré mercredi sur les braqueurs de sa boutique, tuant l'un d'entre eux, âgé de 18 ans, d'une balle dans le dos alors qu'il s'enfuyait. L'homme a été mis en examen vendredi pour homicide involontaire.
Cette page Facebook affiche près d'un million et demi de "like" (icone qui signifie que l'internaute apprécie la page). "Un tel engouement sur Facebook pour ce genre de sujet, c'est rarissime, voire du jamais vu ", commente Thomas Le Gac, directeur général en France de Synthesio, une société spécialisée dans l'e-reputation.
On peut acheter des "like", mais pas des commentaires
"Juste pour vous donner un petit élément de comparaison : l'évènement malheureux de la SNCF à Brétigny, on avait 150.000 commentaires sur l'ensemble du web sur une semaine, alors que là on voit déjà qu'on a plusieurs millions de personnes qui ont aimé la page et surtout énormément de commentaires ", poursuit-il, au micro de France Info.
Les commentaires se multiplient en effet, en soutien à "l'honnête travailleur" qu'est le bijoutier, conspuant un système judiciaire jugé trop laxiste et mettant en avant "le ral-le-bol des citoyens". Et c'est cette foule de commentaires qui prouverait que la page de soutien au bijoutier de Nice n'est pas truquée.
Certes, quand on crée une page Facebook, on peut acheter des "like", autrement dit des fans virtuels : avec 4.000 euros on peut s'offrir 500.000 "like", explique Thomas Le Gac. Alors peut-être que l'auteur de la page a eu recours à cette combine. Mais les commentaires, eux, ne s'achètent pas : "C'est juste absolument inenvisageable ", indique le spécialiste.
Qui est l'auteur de cette page ?
Face aux interrogations qui se sont multipliées sur les réseaux sociaux et dans les médias, l'administrateur de cette page Facebook a lui-même diffusé dimanche une "capture d'écran" (à voir ici) indiquant qu'entre le 11 et le 13 septembre, près de 98% des "like" provenaient de France, et donc n'étaient pas "achetés". Il souhaitait ainsi, dit-il sur la page, "faire taire les rumeurs ".
Ce qui amène finalement à la question la plus intéressante de cette affaire : qui se cache derrière cette page ? L'administrateur reste pour l'instant anonyme. "Ce qui est intéressant c'est qu'ils avancent masqués ", indique justement Guilhem Fouetillou, le fondateur de Linkfluence, une société d'analyse du web social.
"Assez proche d'une mouvance d'extrême droite" ?
"Cela montre bien que finalement, c'est le fait que cela vienne de la base qui a un poids, et qui est capable de mobiliser. Il y a de fortes chances que les personnes qui ont créé cette page soient, a minima sympathisants, ou aient un corpus idéologique qui soit assez proche d'une mouvance d'extrême droit e", ajoute le spécialiste. Sans que cela ait besoin d'être validé par les cadres d'un parti politique, précise-t-il.
Mais il ne faut pas se tromper de débat, ajoute Guilhem Fouetillou. "Qu'il y ait ou pas des achats de faux, l'ampleur de la mobilisation sur la page, l'importance, la vitalité, la vitesse des échanges, des commentaires, est extrêmement forte et assez inédite, surtout hors période électorale ", souligne-t-il.
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