Haro sur les cosmétiques pour bébés ?
Les mallettes - comme "la boîte rose", distribuée depuis 50 ans ou "Baby trouss"- contiennent toute une gamme de produits : crème, gel lavant, eau minérale, lingettes, couches... "On a de fortes présomptions pour nombre de ces produits" et "on n'arrive pas à avoir la preuve de leur innocuité", a souligné devant la presse Olivier Toma, président du Comité pour le développement durable en santé (C2DS) et directeur de clinique.
Selon André Cicolella, chimiste toxicologue, ils contiennent très souvent des parabens, des conservateurs dont certains interfèrent avec le système hormonal. On y trouve aussi de l'EDTA - acide éthylène diamine tétraacétique -, un stabilisateur de produits qui peut être reprotoxique, ou du bisphénol A, classé au Canada comme substance toxique. Du phénoxyéthanol, qui favorise l'absorption du produit par la peau, pourrait être dangereux pour le système nerveux et le sang. Quant au BHT, il serait suspecté d'être cancérogène, de même que l'aspartame.
Pour le Pr Dominique Belpomme, cancérologue, "des doses très faibles de perturbateurs endocriniens peuvent induire des cancers du sein ou de la prostate 30 ans après". Il a fait valoir aussi que la pénétration par voie cutanée était "celle qui permet la plus grande perturbation de l'organisme" comparativement aux voies respiratoires ou alimentaire, car "la peau ne sait pas détoxifier".
"Nous sommes confrontés à une épidémie de cancers" dont un certain nombre ont leurs origines "dès la gestation", a souligné M. Cicolella, évoquant une hausse des cancers des enfants de 1% par an en Europe. "Il faut agir sur les éléments susceptibles de favoriser cette épidémie". Il a regretté la "carence réglementaire" existant en France pour les
cosmétiques, accusant les agences sanitaires, et notamment l'Afssaps (agence de sécurité sanitaire des produits de santé), qui ne propose que des recommandations "non contraignantes", de "ne pas remplir leur mission".
Les laboratoires Expansciences, fabricants des produits Mustela, ont affirmé jeudi n'utiliser dans leurs cosmétiques pour bébés "que des ingrédients qui sont autorisés et dans les conditions d'autorisation". La Fédération des entreprises de la beauté (Febea) a précisé que l'Afssaps peut en cas de doute "ordonner qu'ils soient immédiatement retirés du marché".
Scientifiques et médecins ont noté que même si les industriels assurent respecter les seuils autorisés, le problème est "la répétition des doses" et la durée d'exposition. Tous ont défendu l'application du principe de précaution et l'arrêt de distribution des mallettes par les maternités ou les cliniques. A ce jour, une vingtaine de maternités - sur 600 - ne distribuent plus les trousses de naissance.
Caroline Caldier avec agences
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