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Grippe A: les cybercriminels s'enrichissent avec le Tamiflu

Le médicament contre la grippe A est en vente libre sur la Toile alors qu'il ne peut être prescrit que sur ordonnance en France. Un trafic illégal qui profite de l'aggravation de la pandémie pour s'étendre. Et qui n'est pas sans danger.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©REUTERS/ Euben Sprich)

Il suffit de taper "acheter du Tamiflu" sur un moteur de recherche et voilà ce qu'on obtient: une multitude de sites proposant d'acquérir le produit sans ordonnance, en toute simplicité.

Ici ou là, n'importe qui peut remplir un "formulaire médical" et recevoir une, cinq voire cinquante boîtes de Tamiflu à domicile. Certains sites demandent un avis médical (que le patient virtuel remplit lui-même), d'autres ne s'encombrent pas d'une telle procédure. Seul impératif: livrer son numéro de carte bancaire...

Selon l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaes), il existerait cent vingt-cinq sites francophones de ce type. Des sites totalement illégaux, rappelle le ministère de la Santé, puisqu'ils passent outre la consultation médicale et mettent sur le marché des produits dont la provenance n'est pas vérifiable.

“Au mieux, ce médicament est inefficace, au pire, c'est un produit contrefait ou mal dosé qui est dangereux pour la santé” , prévient François Paget, chercheur chez McAfee, société américaine de sécurité informatique. La boîte de 10 comprimés coûte en moyenne 100 euros. Une belle arnaque, passible de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende (article L 4223-1 du Code de la santé publique).

Pour entrer en contact avec leur cible, ces plateformes font l'usage intensif de spams, une pollution publicitaire qui atterrit directement dans nos boîtes mails.

Depuis le début de l'épidémie, le phénomène est en augmentation. Plus de 60% de ces spams proposeraient désormais d'acheter illégalement des médicaments, dont du Tamiflu. “Les spams ont changé leur contenu avec de l'actualité. C'est un phénomène très rare”, explique Jean-Philippe Bichard, de la société d'anti-virus Kaspersky Lab.

Un marché mondial

Les plus gros acheteurs en ligne se trouveraient aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Canada et en France, selon la société de sécurité informatique Sophos qui a enquêté sur le sujet. Mais il reste difficile d'établir des chiffres précis, d'autant que cette cybercriminalité est répartie sur plusieurs continents.

Une grande partie des serveurs hébergeant ces sites se trouveraient en Russie. Toujours selon la société Sophos, les hackeurs (pirates) étaient payés 6000 dollars par jour pour servir de "rabatteurs", il y a trois mois. Le tarif serait aujourd'hui de 16000 dollars.

Mais ces délinquants virtuels brouillent les pistes. Ainsi, les quelques pharmacies virtuelles qui daignent fournir une adresse immobilière déclarent être hébergées à Londres ou aux Etats-Unis... des informations que l'acheteur ne peut évidemment vérifier.

En France, le Tamiflu n'est prescrit par les médecins que dans ses formes les plus graves, et certainement pas comme un moyen de prévention. L'Organisation mondiale de la Santé en a même déconseillé l'usage chez les personnes bien portantes.

Inutile donc et dangereux de se servir sur Internet: en cas de symptômes grippaux, une simple consultation chez votre médecin généraliste suffit.

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