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Finalement, l'homme de Florès n'est sûrement pas un Homo sapiens

Depuis sa découverte en 2003 en Indonésie, l'Homo floresiensis fait  l'objet de débats scientifiques. Des chercheurs français semblent avoir tranché.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une emplyée du Museum de sciences de Londres montre un crâne d'homme de Florès, le 27 octobre 2004. (STEPHEN HIRD / REUTERS)

Dix ans de controverse scientifique et enfin une réponse ? L'énigmatique Homo floresiensis, découvert en 2003 dans une caverne de l'île indonésienne de Florès, n'a rien d'un Homo sapiens, selon une étude publiée, lundi 15 février, dans le Journal of Human Evolution (en anglais). L'homme de Florès "n'a clairement pas les caractéristiques d'un Homo sapiens", explique Antoine Balzeau du musée de l'Homme, chargé de recherche au CNRS.

Jusqu'à présent, pour certains, l'homme de Flores était un descendant de l'Homo erectus ("homme debout") qui aurait progressivement rapetissé au fil des générations, pour adapter ses besoins à des ressources peu abondantes. Pour d'autres, il était un Homo sapiens malade, atteint de nanisme, de microcéphalie ou encore de trisomie.

Qu'est-ce qui prouve qu'il n'est pas un Homo sapiens ?

D'une taille d'environ 1 mètre pour 25 kg, avec un cerveau de la taille de celui d'un chimpanzé, l'homme de Flores a été découvert en 2003. En étudiant la morphologie crânienne du "petit homme", le chercheur Antoine Balzeau assure que "ce n'est pas possible" que l'homme de Florès soit de notre espèce.

Selon l'étude, la structure et la forme du crâne montrent de claires ressemblances avec Homo erectus. "Il n'a aucune caractéristique de notre espèce", selon le chercheur. "On a identifié quelques petites maladies, mais aucune des grosses maladies proposées, aucune de ces maladies d'Homo sapiens", explique Antoine Balzeau.

Comment a-t-on pu croire le contraire ?

"C'est marrant de voir combien certains se sont acharnés pour trouver des explications, malheureusement parfois un peu simplistes", constate Antoine Balzeau. Jusqu'à maintenant, les chercheurs étudiaient le crâne de l'homme de Florès à partir de clichés réalisés lors de la découverte des ossements. "On se basait sur des images où on ne voyait pas grand chose", déplore le chercheur. "C'était important de compléter la description du crâne pour arrêter de parler dans le vide."

Alors, avec Philippe Charlier, paléopathologiste et spécialiste français des énigmes médico-historiques, le chercheur s'est attelé à l'étude des examens d'imagerie, très haute résolution, réalisés récemment au Japon. "On a eu accès à tout ce qui est à l'intérieur de l'os et on a pu étudier la structure du crâne", explique Antoine Balzeau. "Dans l'os crânien, il y a plusieurs couches différentes, pleins d'informations". Et les images dont les chercheurs disposaient jusqu'à maintenant ne permettaient pas d'aller si loin.

Mais alors qui est-il ?

L'homme de Florès est-il une espèce à part ou un Homo erectus un peu particulier ? "Pour le moment, on n'est pas encore tout à fait capable de trancher cette question", reconnaît Antoine Balzeau. Pour savoir, il faudra poursuivre l'étude de la forme du cerveau. "Il y aura sûrement plein de choses à y voir", s'enthousiasme-t-il.

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