Sophie Adenot entame sa formation d'astronaute en Allemagne : "Je vais lui dire d'être patiente", conseille Thomas Pesquet
"Je vais lui dire d'être patiente", a indiqué lundi 3 avril sur franceinfo Thomas Pesquet qui va rencontrer la Française Sophie Adenot la nouvelle astronaute de l'Agence spatiale européenne qui va débuter ce lundi à Cologne sa nouvelle formation. Elle va apprendre, notamment, à vivre dans la Station spatiale internationale.
Avant de se lancer dans l'espace, il faut parfois attendre plusieurs années : "Ce n'est pas une attente passive, c'est une attente très active évidemment, mais ça peut être un peu long", souligne Thomas Pesquet qui a embarqué à deux reprises vers la Station spatiale internationale.
franceinfo : Comment apprend-on à être astronaute ?
Thomas Pesquet : C'est assez scolaire en fait. L'emploi du temps ressemble à un emploi du temps de lycéen ou d'étudiant. On va commencer par des cours un peu théoriques sur toutes les disciplines du spatial. Les gens ont des parcours un peu différent : pilote d'hélicoptère, médecin... Il y a des gens qui ont étudié des choses différentes. On va les mettre à peu près au même niveau dans les sciences et les techniques du spatial. Ensuite, on va apprendre le russe, faire du sport et faire des activités au fur et à mesure de plus en plus pratique.
Vous allez accueillir en Allemagne Sophie Adenot. Quel conseil allez-vous lui donner ?
J'avais rencontré Buzz Aldrin tout au début, avant même d'avoir commencé. Il m'avait dit deux choses : "Soyez patients et respectez vos aînés". Ça m'avait fait sourire. Je ne veux pas lui dire "respectez vos aînés" parce que c'est un petit peu grandiloquent, mais je vais lui dire d'être patiente, ça c'est certain. On peut attendre pas mal d'années avant d'aller dans l'espace. Ce n'est pas une attente passive, c'est une attente très active évidemment, mais ça peut être un peu long. C'est une qualité importante.
La Lune reste votre objectif numéro un ?
Oui, bien sûr. Notre nouvelle promo va commencer à faire son entraînement de base. Ensuite, s'entraîner vers ses premières missions. Ça va prendre quelques années quand même. On peut tabler entre cinq et dix ans pour qu'ils aient peut-être le temps d'aller tous ou une majorité vers la Station spatiale. Et pendant ce laps de temps-là, ce sont les gens de ma promotion 2009 qui vont assurer les prochaines missions vers la Lune. Et puis ensuite, dans un deuxième temps, on sera tous dans le même cas. On va tous se succéder.
A quoi bon refaire ce qui a été fait il y a un demi-siècle ?
Justement parce qu'on ne fait pas ce qui a été fait. C'est ça qui est intéressant. A l'époque, les Américains et les Russes avaient juste l'intention de gagner la course. C'était une question d'hégémonie. Ils n'avaient pas grand-chose de scientifique, même si au final, on a appris énormément. Aujourd'hui, ce qu'on voudrait faire, c'est retourner sur la Lune de manière plus durable. En utilisant les ressources. On sait qu'il y a de l'eau solide sous forme de glace. Ça pourra nous donner de l'oxygène, de l'hydrogène. On veut vraiment s'installer, avoir une base scientifique sur la Lune comme on peut en avoir une aujourd'hui en Antarctique ou dans des endroits un peu extrêmes sur la Terre. Cette démarche là n'est pas la même. Ce n'est pas gagner une course pour des raisons idéologiques, c'est vraiment y aller, mais pour des raisons scientifiques.
Avec l'idée peut-être aussi derrière la tête que si les choses tournent mal sur notre petite planète, la Lune puisse nous servir de planète B ?
Non, la Lune, surtout pas ! C'est vraiment trop petit et malheureusement, on ne pourrait pas y faire grand-chose. Ce n'est pas une idée qu'on entretient, en fait, l'idée de planète B. Ca donne un peu l'impression que ce nest pas trop grave ce qui se passe sur la Terre, qu'on va trouver une solution magique et que tout ça va s'arranger. Ce n'est pas du tout la position des agences. Nous, ce qu'on veut, c'est apprendre des choses sur la Terre et évidemment sur l'homme, sur ce qui peut nous arriver dans le futur, sur peut-être le destin de la planète. C'est pour ça qu'on veut aller sur Mars parce que c'est une planète un peu jumelle de la Terre, qu'on peut apprendre beaucoup de choses sur nous-mêmes. Ce n'est pas dans une optique de transporter toute la civilisation là-bas et puis de recommencer à zéro.
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