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Premier vol privé vers l'ISS : "C'est la nouvelle économie spatiale", reconnaît un spécialiste

C'est aujourd'hui que décolle le premier vol entièrement privé vers la Station spatiale internationale.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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La station spatiale internationale, le 26 août 2013. (SCIEPRO / SCIENCE PHOTO LIBRARY RF)

"C'est la nouvelle économie spatiale", reconnaît le spécialiste de l'actualité spatiale à la Cité de l'espace de Toulouse, Olivier Sanguy, vendredi 8 avril sur franceinfo, alors que le tout premier vol entièrement privé vers la Station spatiale internationale (ISS) décolle ce jour à 17 heures, heure de Paris.

franceinfo : Est-ce bien sérieux de dépenser autant de ressources pour envoyer de riches touristes en orbite ?

Olivier Sanguy : C'est sérieux en tout cas pour la compagnie privée américaine qui vend la prestation, qui est une compagnie basée à Houston d'ailleurs, qui s'appelle Axiom Space, et elle fait appel à SpaceX pour le transport. C'est la nouvelle économie spatiale. Il y a trois entrepreneurs qui sont présentés aussi comme des philanthropes parce qu'ils vont partir avec 25 expériences scientifiques, donc ils ajoutent un côté 'on fait aussi ça pour l'humanité'. Dans l'espace, il y a des expériences classiques à faire, comme les expériences médicales donc ils vont continuer ce qui est déjà fait. Il faut savoir aussi que ça fait un an qu'ils s'entraînent. C'est pas tout à fait du tourisme au sens où on l'entend. C'est plus comme si on allait gravir l'Everest, par exemple. Il y a un véritable entraînement à faire.

Ces voyageurs de l'espace non-professionnels vont aller dans la Station spatiale internationale (ISS). Est-ce une première pour des non-astronautes ?

C'est la grande nouveauté côté américain mais le tourisme spatial orbital est une réalité depuis 2001, ce sont les Russes qui l'ont inauguré avec l'Américain Dennis Tito, qui avait payé pour partir en Soyouz, rester une semaine dans l'ISS et revenir. Après, il y en a eu encore plus, environ neuf au total, qui ont fait ce voyage-là via les Russes. Là, c'est la première mission touristique - on va employer ce terme pour simplifier - côté américain, mais il faut savoir que la société Axiom Space a de grandes ambitions puisqu'elle a signé avec la Nasa pour ajouter un module privé à la Station spatiale internationale à partir de 2024-2025. Ce module n'est pas fabriqué aux Etats-Unis. Il est fabriqué en Europe, plus précisément en Italie, à Turin, dans l'entreprise franco-italienne Thales Alenia Space.

La Nasa entend n'entretenir l'ISS que jusqu'à 2030 puis passer le relai à des acteurs privés. L'avenir de l'espace est donc le tourisme ?

C'est en tout cas ce qui se dessine. La Nasa compte, après 2030, ne plus entretenir elle-même une station, mais être cliente de plusieurs stations privées. Et Axiom Space compte bien, après avoir mis un premier module, en rajouter d'autres jusqu'à ce que cet embryon de station devienne indépendant. Et la Nasa, peut-être l'Agence spatiale européenne et d'autres agences seront alors clientes de ces stations privées. Il faut savoir que le groupe Blue Origin, c'est-à-dire Jeff Bezos, le créateur d'Amazon, a aussi un projet. Est-ce que ça va vraiment prendre racine ? On verra, parce que déjà dans les années 1980 il y avait des projets de commercialisation de l'espace, mais ça s'est arrêté.

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