L'erreur des satellites Galileo peut-elle plomber le projet de GPS européen ?
Deux satellites envoyés dans l'espace vendredi n'ont pas atteint l'orbite prévue.
Pour un système de navigation censé concurrencer le GPS américain, cette bourde fait mauvais genre. Deux satellites Galileo envoyés vendredi par une fusée Soyouz n'ont pas atteint l'orbite prévue, a annoncé samedi 23 août la société Arianespace.
Arianespace press release on the Flight VS09 orbital injection anomaly for the Galileo FOC M1 satellites: http://t.co/aLL6XFfhS0
— Arianespace (@Arianespace) August 23, 2014
"Les observations complémentaires collectées après la séparation des satellites de la mission Soyuz VS09 pour Galileo FOC M1 mettent en évidence un écart entre l'orbite atteinte et celle prévue", explique l'agence, précisant que des "investigations étaient en cours". Cette boulette de l'espace peut-elle vraiment nuire au projet de GPS européen ?
Comment s'explique cette erreur ?
C'est la question sur laquelle planchent actuellement les scientifiques européens. "Ce qu'on sait c'est que trois heures après le décollage, quelque chose s'est manifestement mal passé", explique à l'AFP Jean-Yves Le Gall, coordinateur interministériel pour la France du programme Galileo, et président du Centre National d'Études Spatiales (CNES).
"Il y a deux raisons typiques qui font qu'un lanceur ne dépose pas le satellite sur l'orbite visée ", détaille le spationaute de l'Agence spatiale européenne Jean-François Clervoy, cité par France Info. "Soit il éteint ses moteurs un peu trop tôt en raison d'un mauvais calcul, soit les capteurs qui permettent à la fusée de se localiser et de positionner son objectif ont un défaut".
Le problème pourrait également venir d'un manque de carburant au sein même des satellites. Interrogé sur ce sujet, Jean-Yves Le Gall répond : "c'est la bonne question, c'est la question que nous nous posons".
Peut-on rattraper les dégâts ?
"Ca sera compliqué", prévient le président du CNES. "On devait être sur une orbite circulaire de 23 000 km d'altitude, et l'orbite n'est pas circulaire, elle est elliptique et plus basse, aux alentours de 17 000 km, ce qui veut dire qu'on a du mal à remplir la mission", poursuit Le Gall, ajoutant qu'une commission d'enquête allait être mise pour comprendre ce qui s'est passé.
"Nous sommes en train de voir si on peut rattraper la situation dans les prochaines heures", continue le scientifique. Les équipes travaillent de concert sur les mesures à prendre pour essayer de ramener les satellites sur la bonne trajectoire".
Le spationaute Jean-François Clervoy est moins alarmiste. "Ce type de problème est connu, et peut arriver, même si en l'occurrence, le décalage est plus important que prévu". "Dans tous les cas, cela n’altère pas la fonction de navigation, car celle-ci prend en compte la position exacte du satellite", et peut ainsi s'adapter, continue le spécialiste interrogé par France info.
Le projet va-t-il prendre beaucoup de retard ?
Prévus pour être opérationnels à l'automne, après leurs premiers essais dans l'espace, ces deux nouveaux satellites Galileo doivent s'ajoutent aux quatre satellites déjà lancés pour valider le système de navigation voulu par la Commission européenne.
Avant l'impair technique de vendredi, il était prévu que les services initiaux de Galileo débutent fin 2014, avant que le système devienne pleinement opérationnel en 2018. L'erreur technique pourrait retarder quelque peu cette échéance. "Selon les cas, on pourra corriger rapidement", explique Jean-François Clervoy. "Cela pourra prendre quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.