"Il y a deux façons d'interpréter les accords Artemis : ceux qui disent que c'est open bar pour le business et les Américains qui disent que non", a expliqué mercredi 8 juin sur franceinfo Olivier Sanguy, chargé de l'actualité spatiale à la Cité de l'espace de Toulouse, alors que la France rejoint les accords Artemis, le programme de la Nasa sur l'exploration de la Lune. Ces accords envisagent notamment de créer des "zones de sécurité" pour protéger les ressources extraterrestres.franceinfo : Qu'impliquent ces accords ?Olivier Sanguy : C'est une sorte d'interprétation du traité de l'espace de 1967 qui est plus ou moins découplé du programme Artemis de retour vers et sur la Lune. Les accords Artemis c'est une sorte d'interprétation du droit spatial et notamment la définition de zone de sécurité. Si un engin se pose sur la Lune on peut dire qu'il ne faut pas se poser trop près parce que cela pourrait poser des problèmes de sécurité. Ce n'est pas une appropriation nationale, juste une zone de sécurité disent les Américains et les signataires de cet accord.Quel est l'enjeu ?Il y a la possibilité d'utiliser les ressources lunaires pour faire de l'exploration parce qu'on pense que peut-être dans le futur on pourra extraire l'eau du sol lunaire. Il faut le prévoir parce que la Nasa veut que des sociétés privées le fassent pour elle. Les États-Unis disent que cela sera possible dans le cadre d'une exploration pour le bien de l'humanité mais d'autres pays, comme la Chine et la Russie, sont opposés à cette interprétation.On va donc pouvoir faire du business ?Il y a deux façons d'interpréter les accords Artemis. Ceux qui disent que c'est open bar pour le business et les Américains qui disent que non, que c'est encadré et qu'on ne peut le faire que pour une exploration raisonnée et si c'est pour la science.Que peut-on trouver d'exploitable sur la Lune ?Il y a d'abord la Lune en elle-même, en tant qu'objet scientifique. Comprendre la Lune c'est comprendre la Terre. La Lune s'est formée lors d'une immense collision. Un objet de la taille de la planète Mars avec la Terre, il y a plus de 4 milliards d'années et cela a extrait la Lune. C'est donc un extrait de la Terre primordiale. Quand on analyse la Lune on comprend la Terre du début et donc il y a un intérêt scientifique majeur. Sur le plan plus technique, se préparer à faire des missions sur la Lune de longue durée, c'est se préparer pour une exploration plus ambitieuse par exemple Mars.Où en sont les tests de préparation des missions ?Un petit peu en retard comme tout retard très ambitieux. Au départ, on devait se poser sur la Lune en 2024 avec le prochain homme et la première femme. Joe Biden a rajouté qu'il fallait quelqu'un issu de la diversité, de la minorité, donc on s'attend à ce qu'il y ait un astronaute hispanique ou afro-américain parmi l'équipage. On parle officiellement de 2025 pour la mission mais ce sera plutôt 2027 ou avant 2030.Est-ce qu'une fois qu'un équipage aura débarqué sur la Lune on pourra y installer une présence humaine ?On peut l'imaginer. D'abord, il y aura une présence humaine autour de la Lune, c'est vu dans le plan Nasa. Dans cette sorte de deuxième station spatiale plus petite, l'Europe apportera des modules et nous aurons le droit d'avoir trois astronautes qui feront un séjour dans cette station autour de la Lune.