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En France, l'ablation préventive des seins est très peu pratiquée

La mastectomie est une pratique très peu répandue en France. Cette ablation des deux seins radicale et préventive, seulement 5% des femmes porteuses de la même anomalie qu'Angelina Jolie la pratiquent dans notre pays.
Article rédigé par Ouafia Kheniche
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

L'annonce se voulait spectaculaire, le but est atteint... Dans une tribune publiée par le New York Times, l'actrice américaine Angelina Jolie, compagne de Brad Pitt, révèle qu'elle a subi l'ablation préventive de ses seins, pour éviter un possible cancer. L'actrice explique que sa mère est morte d'un cancer à l'age de 56 ans et qu'elle était elle-même un sujet à risque.

Certaines femmes, 0,2% précisément de la
population féminine mondiale, sont porteuses de gènes qui multiplient chez
elles les risques de cancer du sein et des ovaires.

La mastectomie consiste à retirer
les deux seins pour prévenir un cancer de ce type. C'est une manière radicale
et relativement efficace, à plus de 80 %, de prévenir cette maladie.

Une solution radicale et préventive

Le risque augmente encore pour les femmes
porteuses de deux anomalies génétiques cumulées celle du gène BRCA1, comme
c'est le cas pour l'actrice, et du gène BCRA2.

A l'âge de 70 ans, le risque d'avoir eu
ou d'avoir un cancer du sein est de 70% chez les premières et de 50% chez les secondes,
alors que le risque est de 1 sur 10 pour les autres femmes selon le Pr
Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique oncologique à l'Institut
Curie à Paris.

Des cancers plus précoces et qui se développent plus vite

Le risque de cancer de l'ovaire avant 70
ans augmente aussi. Environ 40% des femmes porteuses de la mutation BRCA1 et de
10 à 20% de celles porteuses de la mutation BCRA2, souligne le Pr
Stoppa-Lyonnet.

Les deux cancers interviennent aussi plus
tôt chez les femmes porteuses du gène, avec un âge moyen au diagnostic de 45
ans environ pour le cancer du sein, contre 60 ans environ dans la population générale.
L'évolution de ces cancers est chez ces femmes prédisposées en général plus
rapide, avec un risque de rechute plus élevé.

En France, un traitement moins définitif mais moins efficace

En France, seules 5% des femmes porteuses
de ces gènes ont recours à une mammectomie. On propose à ces patientes un suivi
radiologique précis avec des séquences de mammographie et d'IRM.

Un traitement
préventif lourd mais pas définitif comme l'ablation des deux seins puisque la
double mastectomie consiste à retirer la totalité des deux glandes mammaires, y
compris les aréoles et les mamelons tout en essayant de préserver la peau.

Geneviève, 63 ans, n'est pas concernée par ce gène mais étant malheureusement une femme à risque, elle a accepté l'ablation d'un sein en préventif.

Elle réduit
le risque de cancer du sein de 90%. Dans d'autres pays comme aux Pays-Bas 30 à
40% des femmes prédisposées la pratiquent.

Elles sont en revanche plus nombreuses, 30
à 40%, à choisir l'ablation préventive des ovaires, en raison des difficultés à
détecter ce type de cancer de manière précoce.

Pour détecter les gènes responsables
d'une prédisposition aux cancers, il existe un test qui coûte environ 2.000
euros, pris en charge en France. Il est proposé aux femmes ayant dans leur histoire
familiale plusieurs cas de cancer de ce type.

 

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