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Des mini-centrales nucléaires sous-marines à l'étude

Le Français DCNS, spécialiste de la construction navale militaire, s'est lancé avec Areva, EDF et le CEA, dans l'étude d'une mini-centrale nucléaire sous-marine, qui permettrait d'alimenter des villes côtières. Un prototype devrait voir le jour en 2013, avec une mise en service éventuelle vers 2016 ou 2017. Avec ce projet, la DCNS s'attaque à un marché en devenir : celui du nucléaire de petite moyenne puissance.
Article rédigé par franceinfo
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Les poissons vont avoir de nouveaux compagnons dans les prochaines années. Si le projet de DCNS se réalise, ils vont avoir l'occasion de nager autour de curieux cylindres façon recharge de bombe de crème chantilly maison, posés sur le fond de la mer.
_ Il seront reliés à des villes côtières, qui leur devront l'électricité. Car ces cylindres sont des mini-centrales nucléaires sous-marines.

Pour schématiser, l'idée du groupe français DCNS, leader de la construction navale militaire, est de recycler et adapter au nucléaire civil des technologies qu'il maîtrise dans le domaine militaire, pour la construction de sous-marins et de porte-avions nucléaires. Pour mener à bien son projet, DCNS s'est associé avec Areva, qui réalise les petits réacteurs embarqués de ces bâtiments, EDF et le Commissariat à l'énergie atomique.

Le réacteur, baptisé Flexblue, serait donc logé dans une coque d'une centaine de mètres de long, sur une douzaine de large, le tout faisant 12.000 tonnes. Elle serait transportée sur un site choisi grâce à un navire spécial. Des petits moteurs pilotés à distance lui permettrait de se placer seule à une profondeur de 60 à 100 mètres de fond. Le réacteur lui-même, d'une puissance de 50 à 250 Mégawatts, à comparer avec les 1.650 Mwe d'une centrale EPR. Téléguidée en quelque sorte depuis la côte, ces mini-centrales pourraient fournir en électricité des villes de 100.000 à un million d'habitants, via des câbles sous-marins.

Une équipe d'une centaine d'ingénieurs travaillent au projet, qui entre dans sa phase de conception. Un prototype pourrait voir le jour en 2013. Une première mise en service aurait lieu à l'horizon 2016-2017.

Flexblue ne fera sans doute pas l'unanimité. Ses concepteurs vantent son caractère écologique : pas d'émissions de gaz, pas d'utilisation de ressources fossiles. Mais son impact sur l'environnement demeure flou à ce stade. La sécurité de l'installation sera aussi au cœur du débat, avec des conséquences graves en cas de fuite nucléaire dans les océans. Le Réseau sortir du nucléaire s'inquiète d'une telle perspective.

D'autant plus que DCNS et ses partenaires entendent bien multiplier et exporter la Fexblue, une centrale moins chère et bien plus facile à mettre en œuvre que les énormes centrales classiques. Les régions excentrées ou mal alimentées, comme des îles par exemple, ou des régions en développement constituent le cœur de cible.
_ Le marché du nucléaire de petite et moyenne puissance est en plein développement, et d'autres projets sont à l'étude à travers le monde, aux Etats-Unis, au Japon et en Russie. Les “centrales de poche” ne seront pas toutes sous la mer.

Grégoire Lecalot

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