Des chercheurs développent des embryons humains pendant 13 jours : 4 questions sur une expérience inédite
L'équipe internationale de chercheurs a réussi à cultiver des embryons humains pendant 13 jours avant d'arrêter l'expérience pour respecter la limite des 14 jours en vigueur dans certains pays.
C'est une avancée majeure, selon la communauté scientifique. Des chercheurs sont parvenus à développer des embryons humains in vitro pendant une durée record, relaient deux revues britanniques, Nature (en anglais) et Nature Cell Biology, mercredi 4 mai. L'équipe internationale de chercheurs a réussi à cultiver des embryons humains pendant 13 jours avant d'arrêter l'expérience, afin de respecter la limite des 14 jours de recherche sur l'embryon actuellement en vigueur dans plusieurs pays.
Quel est l'objectif de ces recherches ?
Cette expérience pourrait "révolutionner notre compréhension du développement de l'embryon à un stade précoce", estime Allan Pacey, professeur à l'université britannique de Sheffield.
"Cette nouvelle technique nous donne une opportunité unique de mieux comprendre notre propre développement pendant les stades cruciaux (les tout premiers jours de la vie) et ce qui se passe par exemple lors d'une fausse-couche", explique Magdalena Zernicka-Goetz, professeure à l'université de Cambridge, responsable de la partie des travaux menée au Royaume-Uni. "L'impossibilité pour un embryon de s'implanter (dans l'utérus) est une cause majeure de fausses couches précoces", rappelle-t-elle.
Comment est encadrée la recherche sur des embryons ?
La recherche sur l'embryon est encore interdite dans certains pays, notamment l'Italie. D'autres, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, limitent la recherche à 14 jours. En France, la recherche sur l'embryon est autorisée depuis 2013, mais strictement encadrée par l'agence de biomédecine.
Dans la fécondation in vitro (FIV), les embryons, développés en éprouvette, doivent être implantés au plus tard le septième jour dans l'utérus de la femme pour pouvoir survivre. Habituellement, plusieurs embryons sont développés pour une seule femme. Un ou deux sont réimplantés pour une tentative de grossesse. Les autres sont congelés pour être utilisés ultérieurement en cas d'échec de l'implantation précédente, de fausse-couche ou de volonté d'une nouvelle grossesse. Le surplus d'embryons peut être utilisé à des fins scientifiques.
Les embryons étudiés se sont-ils développés normalement ?
Les embryons développés pendant 13 jours l'ont été sans aucun contact avec des cellules maternelles, "ce qui montre la possibilité d'un auto-développement de l'embryon humain", ajoute la professeure Magdalena Zernicka-Goetz.
Pour autant, la chercheuse, qui avait précédemment expérimenté la technique sur des souris, n'a pas la certitude que les embryons étudiés présentent un développement parfaitement similaire à ceux développés dans l'utérus d'une femme.
A partir du 14e jour, l'embryon se transforme en une structure primitive de l'humain avec une tête et une queue, "ce qui marque le moment à partir duquel l'embryon peut être considéré comme un individu", explique Peter Donovan, de l'université de Californie.
Quelles sont les autres possibilités ouvertes par ces recherches ?
La question de prolonger la limite des 14 jours est posée chez les scientifiques, a observé la professeure Magdalena Zernicka-Goetz. Pour sa part, elle a suggéré la possibilité de prolonger de deux jours la limite fixée au développement de l'embryon in vitro (soit 16 jours) pour étudier la troisième étape de formation de l'embryon (dite "gastrulation").
"Nous pourrions peut-être (...) étudier les causes potentielles de l'autisme et trouver pourquoi des produits chimiques dans l'environnement peuvent affecter le développement de l'embryon", estime ainsi le professeur Peter Donovan.
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