Comment contrôler ses rêves grâce à l'électricité
Des chercheurs allemands ont découvert qu'un léger courant électrique impulsé au bon moment permettait aux dormeurs de devenir spectateurs puis acteurs de leurs rêves.
Le scénario du film Inception pourra-t-il bientôt devenir réalité ? Des chercheurs allemands ont découvert qu'un léger courant électrique impulsé au bon moment dans certaines zones du cerveau permettait aux dormeurs de devenir spectateurs de leurs propres rêves puis d'en prendre le contrôle. Leurs résultats ont été publiés, dimanche 11 mai, dans la revue Nature Neuroscience (article payant, en anglais).
Ursula Voss, psychologue spécialiste du sommeil à l'université Goethe de Francfort (Allemagne), et son équipe ont procédé à une série d'expériences sur 27 hommes et femmes. Après trois minutes de sommeil paradoxal ininterrompu, les chercheurs ont envoyé à travers le crâne un faible courant électrique dans les zones frontales et temporales du cerveau, un procédé indolore.
Différentes fréquences utilisées
Le sommeil dit "paradoxal" est une phase du sommeil au cours de laquelle les rêves dont on se souvient se produisent et durant laquelle l'activité électrique du cerveau est proche de celle de l'éveil. Sauf qu'en temps normal, le rêveur n'est pas "lucide" : il ne peut anticiper ce qui va se produire et surtout, n'a généralement pas conscience qu'il s'agit seulement d'un rêve et non d'une expérience réelle.
"Nous avons utilisé différentes fréquences pour stimuler le cerveau : un simulacre, 2 Hz, 6 Hz, 12 Hz, 25 Hz, 40 Hz, 70 Hz, et 100 Hz", explique Ursula Voss. Peu après, les patients ont été réveillés et interrogés sur leurs rêves, en "double aveugle" (ni l'expérimentateur, ni le sujet ne connaissent les paramètres utilisés).
Lorsque la fréquence utilisée était de 25 Hz ou 40 Hz, la plupart des cobayes affirmaient "s'être vus eux-mêmes de l'extérieur", comme un spectateur qui se regarderait agir "sur un écran", résume la chercheuse. "Ils disaient aussi souvent qu'ils avaient conscience d'être en train de rêver", souligne-t-elle, précisant : "Le phénomène que nous rapportons dans notre étude n'a été observé que pour 25 Hz et 40 Hz."
Un usage thérapeutique ?
"Lorsqu'ils étaient stimulés à 25 Hz, nous avions de meilleurs scores sur le contrôle du déroulement du rêve, ce qui signifie qu'ils parvenaient à modifier leurs actions oniriques délibérément", ajoute-t-elle. "Nous avons stimulé le cerveau de manière non intrusive et sommes parvenus à modifier l'état de conscience au sein du rêve. C'est merveilleux car ça nous permettra d'influer sur l'activité cérébrale à l'aide d'une méthode dépourvue d'effets secondaires", estime Ursula Voss.
Les chercheurs envisagent déjà d'utiliser cette technique à des fins thérapeutiques. Selon leur étude, elle pourrait notamment contribuer à remédier à certains symptômes de la schizophrénie ou de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Provoquer des ondes gamma durant le sommeil paradoxal pourrait également aider les victimes de stress post-traumatique à se débarrasser de leurs cauchemars récurrents, en les plongeant en état de rêve lucide pour qu'ils puissent agir directement sur eux, écrivent les scientifiques.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.