Cet article date de plus de trois ans.

Tourisme spatial : "Cela restera une industrie essentiellement professionnelle, même s'il y aura quelques vols privés par an", selon un astronaute français

Partis trois jours dans l'espace, les quatre touristes de SpaceX sont revenus sur terre samedi 18 septembre. Pour l'astronaute français Jean-François Clervoy, il ne faut pourtant pas s'attendre à un "transport de masse dans l'espace" à l'avenir. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jean-François Clervoy, astronaute français. (VALENTINE CHAPUIS / MAXPPP)

"Cela restera une industrie essentiellement professionnelle, même s'il y aura quelques vols privés par an", a déclaré ce dimanche sur franceinfo Jean-François Clervoy, astronaute français, fondateur d'Air Zero G (vols en apesanteur) après l'arrimage au large de la Floride des quatre touristes spatiaux de SpaceX. Partis mercredi, ils ont voyagé trois jours dans l’Espace, plus loin que la Station spatiale internationale. C’est la première fois qu’une telle mission ne comporte aucun astronaute professionnel.

franceinfo : Qu'est-ce que cela vous fait de voir une mission orbitale sans aucun astronaute à bord ?

Jean-François Clervoy : C'est avant tout une démonstration de performance d'une société privée, d'une équipe d'hommes et de femmes qui ont réussi à mettre au point une technologie qui permette la confiance totale dans les systèmes. Dans la navette spatiale il y avait mille interrupteurs dans le cockpit parce qu'on devait pouvoir contourner l'ordinateur pour n'importe quelle action. Là, on peut faire totalement confiance aux ordinateurs. C'est un peu comme si l'aviation avait mis au point des avions suffisamment sûrs pour se passer de pilote.

Est-ce une performance technique plus qu'humaine ?

C'est une performance industrielle, technologique, mais humaine puisque ce sont des hommes et des femmes qui font les systèmes. C'est le progrès informatique, le progrès des capteurs miniaturisés qui permet à nos téléphones de tout faire. C'est un peu la même chose. Vous n'avez dans le cockpit, pour la première fois, aucun manche de pilotage. Ce sont des écrans tactiles, une quinzaine de boutons poussoirs. Les parois sont lisses, cela fait presque factice tellement c'est lisse et blanc.

L'entraînement de ces touristes a duré six mois. Est-ce trop peu ?

Cela n'a pas duré six mois en continu, je pense qu'en plein temps cela a duré trois mois et demi et cela suffit pour apprendre à vivre, comment manger, dormir, se laver et réagir aux urgences. Il faut savoir s'équiper tout seul de la combinaison ce qui est assez technique. C'est une combinaison qui refroidit, qui doit être étanche, à laquelle il faut connecter les systèmes de refroidissement, d'alimentation en oxygène, de communication. Donc, il y a un peu de technique mais cela se limite à ça. Il faut bien évidemment faire un tour de centrifugeuse pour connaître les effets de l'apesanteur avant.

Comment voyez-vous cette ouverture de l'espace ?

Les lois de la physique font que pour atteindre la vitesse orbitale de 28 000 kilomètres à l'heure il faut une débauche d'énergie considérable. La puissance mécanique de plusieurs dizaines de gigawatts, qui pourraient alimenter la France entièrement en électricité.

"C'est très risqué et très cher et cela le restera encore pendant des décennies, même si vous divisez le prix par dix."

Jean-François Clervoy, astronaute

à franceinfo

Si ces quelques milliardaires reviennent avec cette réflexion philosophique profonde sur notre condition d'humanité qui forme un tout, isolé sur ce vaisseau unique et finit dans notre cosmos, il y aura un beau message à passer. Mais cela restera une industrie essentiellement professionnelle, il y aura quelques vols privés par an mais ça ne sera pas le transport de masse dans l'espace.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.